Pianiste parmi les plus connus actuellement, précédé d'une discographie volumineuse qui s'augmente continuellement de nouveaux titres, Stephen Hough entre sur la scène de la Maison symphonique pour découvrir une salle moins qu'à moitié remplie. Ce n'est pourtant pas la première visite ici du pianiste britannique, 50 ans et encore l'air d'un jeune homme. On l'a entendu notamment à l'OSM, au LMMC et à Lanaudière.

Des rangées complètes de sièges vides. On ne comprend pas. Mais le spectacle, qui a de quoi déprimer n'importe qui, peut expliquer la prestation plutôt inégale que l'invité a fournie. Ce ne fut jamais mauvais, ce ne fut pas décevant non plus. Ce fut, tout simplement, en deçà de ce que Stephen Hough nous a déjà donné au concert et au disque. Technicien, musicien, interprète: Hough reste, à tous égards, un grand pianiste. Mais un grand pianiste dont ce n'était pas le meilleur soir.

Ouvrir un récital par deux Nocturnes de Chopin est un geste dangereux car il est alors trop tôt pour établir l'atmosphère souhaitée. Comme venant tout à coup de s'en rendre compte, le pianiste cherche une solution dans des rubatos déplacés.

Il passe immédiatement à la pièce de résistance du programme, la très longue troisième Sonate de Brahms, op.5, en cinq mouvements, et en offre une traduction partiellement convaincante. Une infinie tendresse habite les deux mouvements méditatifs (le deuxième et le quatrième). Brahms, qui avait alors 20 ans, y fait alterner trois Allegros débridés, mais Hough n'y atteint pas l'absolu contrôle pianistique que la situation requiert. Bien qu'il omette la reprise au premier mouvement, son Brahms fait 34 minutes.

Compositeur, il nous propose une sonate de sa main, sous-titrée Notturno luminoso, qu'il joue avec la partition après en avoir dit quelques mots. En un seul mouvement, la pièce de 17 minutes s'ouvre sur de gros accords répétés et entrecoupés de grappes de notes, à la Messiaen, pour déboucher sur des séquences couvrant le clavier complet et le faisant longuement résonner.

À cet exercice totalement futile succède le Carnaval de Schumann. Le choix manque d'originalité et, comme pour le Brahms, le résultat est inégal: un peu de fantaisie, très peu de poésie et quelques petits problèmes techniques. Ovationné, le pianiste donne un rappel, sans l'identifier. Il s'agit de Alte Lied, de Henry Love.

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STEPHEN HOUGH, pianiste. Lundi soir, Maison symphonique, Place des Arts. Présentation: Société Pro Musica.

Programme:

Nocturnes op. 27 no 1, do dièse mineur, et no 2, en ré bémol majeur (1835) - Chopin

Sonate no 3, en fa mineur, op. 5 (1853) - Brahms

Sonate no 2 (Notturno luminoso) (2012) - Hough

Carnaval
, op. 9 (1834-1835) - Schumann