L'événement le plus attendu du sixième Festival Bach est certes la première visite ici de Philippe Herreweghe et son Collegium Vocale Gent, les 12 et 13 décembre, en présentation conjointe FB-OSM. C'est avec cette double audition de l'Oratorio de Noël qu'il fallait ouvrir l'«édition» 2012 du Festival, et non avec ce très ordinaire petit concert qui n'attira d'ailleurs qu'une demi-salle à Bourgie.

Le programme remis à la porte annonce un ensemble appelé La Risonanza et contient une photo où l'on compte 15 musiciens. Sur scène, ils ne sont plus que huit, encore que ce nombre inclut une chanteuse invitée et un musicien montréalais qu'on retrouve à longueur de saison chez Arion et ailleurs. Il s'agit du hautboïste Matthew Jennejohn, invité pour le concert de Montréal.

Des 15 musiciens de la photo, Montréal n'en entend donc que six. L'ensemble italien - en fait ce qu'il en reste - effectue présentement sa première tournée en Amérique. Et combien de villes dans cette tournée? Deux, l'autre étant Washington jeudi soir. Et l'on parlera sans doute, comme toujours, de «tournée triomphale»...

«Bach all'italiana», annonce encore le programme. Celui-ci s'ouvre effectivement par une cantate sur un texte italien, Non sa che sia dolore. Bien que la pièce soit inscrite au catalogue Schmieder, au numéro BWV 209, on n'est pas absolument sûr qu'elle soit de Bach. «Cette pièce n'est peut-être pas du tout de lui», renchérissent les notes de programme. Pourquoi la jouer alors, surtout qu'il ne s'agit certainement pas d'une chose remarquable.

Quoi qu'il en soit, toute référence «all'italiana» s'arrête là. Le programme se poursuit avec la deuxième Suite pour orchestre (un «orchestre» de sept musiciens) et se termine avec une cantate en allemand, langue habituellement utilisée dans les cantates de Bach, à la différence qu'il ne s'agit pas d'une cantate d'église, comme c'est généralement le cas, mais d'une cantate profane, Weichet nur, betrübte Schatten, BWV 202, qui est aussi l'une des quatre cantates dites «nuptiales» du Cantor.

Une soprano cubaine du nom de Yetzabel Arias Fernandez était la soliste des deux cantates qui, de Bach ou non, ne sont pas les plus inspirantes qui soient. La chanteuse possède une bonne voix et une certaine musicalité mais n'offre rien qui retienne l'attention. La salle Bourgie, déclarée «parfaite» en certains milieux, se révèle affectée d'une forte réverbération lorsqu'elle est à moitié remplie et qu'une voix s'y fait entendre -- ce qu'on a de nouveau constaté. Comme la chanteuse, le flûtiste entendu dans la deuxième Suite ne se distingue en aucune façon et ne tire absolument rien de la fameuse Badinerie finale. Claire Guimond est plus intéressante à écouter. C'est tout dire.

Quant au petit ensemble «sur instruments anciens» (pour citer le programme), il utilise peu de vibrato, comme il se doit, mais joue plus juste que ce à quoi le genre nous a habitués. C'est un bon point. Un autre : les reprises, faites presque systématiquement, sont toujours ornementées avec une rare subtilité. Le chef et fondateur Fabio Bonizzoni dirige de son clavecin, d'une main libre ou d'un regard.

LA RISONANZA, ensemble instrumental. Samedi soir, salle Bourgie du Musée des beaux-arts. Concert inaugural du sixième Festival Bach de Montréal.