Plus d'un an après l'avoir enregistré, The Seasons sort enfin son deuxième album, Midnight, Let's Get a Hot-Dog, qui arrive quatre ans après le succès de Pulp, leur premier disque. Alors que les quatre membres du groupe originaire de Beauport poursuivent chacun d'autres projets - Hubert Lenoir d'un côté, son frère Julien Chiasson, Samuel Renaud et Rémy Bélanger de l'autre -, serait-ce leur chant du cygne? Partiront-ils en tournée? Le groupe a répondu à nos questions.

Midnight, Let's Get a Hot-Dog a été enregistré dans le studio du chanteur et producteur Richard Swift (Black Keys, The Shins) à Tacoma, en Oregon. Comment l'avez-vous connu?

Hubert: Par l'entremise de quelqu'un qu'on a rencontré quand on a commencé à travailler aux États-Unis. Il n'a pas embarqué parce qu'on était connus. Il a vraiment aimé les tounes, alors il nous a invités à son studio. Ç'a été hyper organique.

Julien: Cet album fut un long processus. Il a été enregistré en onze jours, mais on avait passé deux ans à travailler sur ces chansons. On était allés en studio à Québec et à Montréal, mais on n'arrivait pas à mettre le point final. Quand on a rencontré Richard, on a tout mis aux poubelles et on est repartis à zéro.

Hubert: La manière avec laquelle on a travaillé fut d'enregistrer chaque chanson sans regarder en arrière.

Le résultat est un son très brut. C'est ce que vous vouliez?

Hubert: Oui. Tu prends un ampli et tu le mets à 8, alors c'est difficile de contrôler la distorsion. On était dans un état d'esprit très cru. Richard enregistrait, il prenait tout, les imperfections aussi. Il les augmentait même.

Pourquoi avez-vous tant attendu avant de sortir ce disque? À cause du projet solo d'Hubert?

Samuel: Oui, c'est circonstanciel.

Julien: Hubert a sorti son album, il a pris son envol plus haut que ce qu'on attendait. Il a pris le temps de vivre ce succès.

Donc The Seasons n'est pas mort?

Julien : Non. On est tous là aujourd'hui.

Vous n'annoncez pas de spectacles, par contre.

Julien: Ça ne veut pas dire qu'il n'y en aura pas. Mais l'album, on voulait le sortir, on voulait que les fans l'entendent et qu'il fasse son bout de chemin. Mais c'est vrai que d'habitude, les bands arrivent avec leurs dates de tournée...

Hubert: Nous, on n'est pas comme ça. On impose tellement à nos artistes d'être présents en spectacle, mais notre rôle, c'est de faire des albums.

Julien: La question est bonne, mais on n'a pas la réponse...

Hubert: On sonne comme des politiciens, là...

Rémy: Aujourd'hui on est là les quatre, on est contents que nos fans puissent écouter l'album, les fans d'Hubert aussi, qui ne connaissaient peut-être même pas The Seasons. C'est une belle vitrine.

Il y a une attitude très punk dans ce nouveau disque.

Julien: Il y a un côté un peu agressif, un peu punk, qui vient beaucoup d'Hubert et qui est plus présent sur cet album que sur le premier. Mon apport est plus tourné sur les mélodies et les arrangements musicaux, et il est présent aussi. C'est un mélange d'ingrédients qui ressemble au premier album, mais je ne nie pas qu'il y a une différence!

Samuel: Sur notre premier album, on était allés moins en profondeur. Là, on avait quand même 200 spectacles derrière la cravate, de l'expérience.

Rémy: On voulait que ce soit plus risqué comme production, on voulait être complètement nous. C'est un aspect qu'on a développé en spectacle : jouer plus fort, avoir une présence, et on a voulu mettre cette présence sur l'album.

Hubert: La société change, il n'y a pas de temps à perdre si on veut se faire entendre. Pas le temps de niaiser ou de chômer, il faut aller direct vers le monde, cutter la bullshit.

Julien: Ç'a été vraiment libérateur de travailler de cette manière, d'être spontanés et libres.

Hubert, est-ce que ça a influencé ta manière de faire ton disque solo?

Hubert: Je l'ai fait pas mal en même temps. Un petit bout avant, et un bout après.

Julien: On est en studio avec les Forest Boys, le groupe qu'on a développé en parallèle depuis l'hiver dernier avec Samuel et Rémy, et c'est comme mon guide.

Hubert: En ce moment, je suis en studio et c'est vraiment loud. Il y a quelque chose dans ce que Richard nous a montré, être plus rough around the edge dans l'attitude. Mais j'ai une fibre punk qui va me suivre toute ma vie.

Ce nouveau disque, ça parle d'évasion, de party?

Hubert: Dans les textes, il y a quelque chose de l'évasion, mais pas de party.

Julien: Un party dépressif.

Hubert: On était dans un bout nihiliste, Julien et moi, un peu blasés.

L'ambiance est quand même amusante.

Samuel: On le veut divertissant quand même.

Julien: On trouve ça plate, de la musique plate. On ne voulait pas faire de la musique plate.

Richard Swift est mort cet été... Vous pensez à lui?

Hubert: On l'a connu l'instant de 11 jours, alors notre peine n'est rien par rapport à celle de sa famille et de ses amis. C'est un grand musicien, j'étais fan de ce qu'il faisait, en solo ou avec les autres, et il est dans mon top 5 des individus qui m'ont le plus influencé musicalement. J'ai une pensée pour lui, je pense qu'il a vécu sa vie comme il voulait... et j'espère qu'il est chill en ce moment, où qu'il soit.

Samuel: Par respect, sa mort nous a donné un genre de petit coup de fouet pour sortir l'album. C'est dans les derniers qu'il a réalisés, c'était triste de laisser ça sur une tablette et d'attendre. Ça nous a motivés.

Tu as dit le mot «tablette». Le disque est-il passé près de ne pas sortir?

Samuel: Jamais. Par respect pour les gens qui l'attendaient et qui ont été patients, par respect pour nous qui nous sommes donnés. Oui, Hubert faisait ses trucs, mais il a mis son coeur sur cet album. Même s'il était très occupé, il voulait que ça sorte et c'est tout à son honneur.

En vous écoutant, on se demande s'il y aura un jour un autre album de The Seasons.

Julien: C'est trop tôt pour dire. On ne sait même pas ce qu'on va faire dans deux semaines. On va voir ce que ça cause comme sentiment dans notre coeur d'avoir cet album dehors.

Hubert: Ce n'est pas quelque chose qui se prévoit, mais qui se sent. Les gars ont les Forest Boys, moi j'ai mes trucs, on est tellement sur autre chose, ça ne se fera pas de sitôt. Mais on ne dit jamais jamais.

Julien, Rémy, Samuel, étiez-vous contents de ne pas vivre l'après-gala de l'ADISQ, les réactions face à Hubert et les commentaires de Mario Pelchat?

Julien: L'ADISQ, je ne l'ai jamais écouté de ma vie. On est en dehors de tout ça, ça ne nous intéresse pas.

Rémy: Hubert, on le connaît depuis huit ans, Julien, c'est son frère, on connaît son désir de choquer. Peut-être qu'avant c'était moins fort, mais il a toujours été comme ça et on n'est pas surpris. Est-ce qu'il faut être surpris de la réaction du monde ? Pour nous, c'est futile, cette polémique.

Julien: Tout ce qu'on sait, c'est qu'Hubert a du talent, que son album est bon et ses shows aussi.

Hubert: Tsé, moi je n'ai pas réagi à Mario Pelchat...

Samuel: C'est quoi, cette affaire-là?

Hubert: Ça ne vaut pas la peine d'en parler. Je ne vais pas faire semblant que l'opinion de cet individu est importante.

Quels sont vos projets cet automne? Vous travaillez chacun de votre côté?

Julien: Les Forest Boys retournent en studio au cours des prochaines semaines. On ne sortira pas d'album, mais on veut faire plein de shows, sortir plein de chansons, être un feu roulant.

Hubert: Je suis en studio, je fais des shows, je m'en vais en Europe en tournée, et en janvier-février, je vais faire la musique pour le nouveau film d'Anne Émond. Je suis pas mal occupé.

Image fournie par Simone Records

Midnight, Let's Get a Hot-Dog de The Seasons