Matt Holubowski est mordu des voyages qui répondent à son besoin de ressourcement. S'inspirant de photos qu'il a prises dans le monde entier, il décrit quelques chansons de Solitudes, son premier album depuis l'aventure de La voix.

L'imposteur

Mathieu Holubowski reconnaît que cette photo n'a pas de rapport direct avec sa chanson la plus personnelle, dans laquelle il parle du sentiment qu'il éprouvait après La voix. Tout au plus s'est-il senti un peu comme un imposteur en survolant la jungle laotienne sur une tyrolienne. «Avec le travail que j'ai fait depuis un an, le syndrome de l'imposteur s'est dissipé. Mes pairs plus de gauche craignaient qu'on m'enferme dans une boîte, mais j'ai constaté que ce n'était pas fondé. La voix m'a prêté son public pour que je puisse dire aux gens: "Allô, je suis là." C'était ensuite à moi de mener ma carrière comme je le voulais.»

Photo fournie par Mathieu Holubowski

Photo prise à Pakse, au Laos, en décembre 2012.

Solitudes

Dans le livret de son album, Mathieu cite Hugh MacLennan, auteur de Deux solitudes, un thème qui le touche depuis toujours et qu'il voulait aborder dans son disque. Au contact des Serbes, désormais séparés de l'ex-Yougoslavie, il a ressenti une autre forme de solitude nationale qui a été l'élément déclencheur de son album. «Je parle d'une troisième solitude, celle du bilinguisme, celle des fils et filles d'immigrants qui se sont mariés dans une famille québécoise. Oui, la situation s'est améliorée à Montréal par rapport à ce que décrivait MacLennan en 1945. Ces tensions sont moins présentes chez les milléniaux que dans les générations précédentes.»

Photo fournie par Mathieu Holubowski

Photo prise à Novi Sad, en Serbie, en janvier 2015.

The Year I was Undone

Cette photo devant une cathédrale d'un blanc éblouissant illustre bien la sérénité que Mathieu a acquise après avoir pris une décision qui, il en est convaincu, marque un tournant dans sa vie. «The Year I Was Undone, c'est le moment où, en finissant l'université, j'ai décidé que je ne voulais pas mener une vie tracée d'avance: le cégep, l'université, trouver un bon job, acheter une maison... Je voulais faire quelque chose qui sorte de l'ordinaire. Il y a eu un déclic où j'ai dit: "C'est comme ça que ça va se passer et il n'y a rien qui peut me faire changer d'idée."»

Photo fournie par Mathieu Holubowski

Photo prise à León, au Nicaragua, en janvier 2016.

La mer - Mon père

Un jeune vendeur de fruits venait souvent retrouver Mathieu sur la rive du lac Atitlán alors qu'il composait cette chanson en hommage à son père d'origine polonaise et à sa mère québécoise. «J'avais un grand besoin de me ressourcer après une année turbulente et j'ai passé huit jours à San Marcos, où je grattais ma guitare tous les après-midi. Dans son enfance, mon père a pris la mer avec sa famille pour venir s'installer à Montréal. Le fait de me retrouver assis entouré de volcans au Guatemala est une preuve concrète que j'ai su refaire ma vie, moi aussi.»

Photo fournie par Mathieu Holubowski

Photo prise à San Marcos, au Guatemala, en décembre 2015.

A Home That Won't Explode

Mathieu a croisé un parfait inconnu qui l'a invité à boire un thé et à fumer la shisha dans une rue achalandée du Caire. Ils ont discuté pendant une heure des perceptions qu'ont les Occidentaux des Arabes et vice-versa. «Ce fut un des plus beaux moments de ma vie. Il m'a dit que l'Égyptien ne haïssait pas les Américains, car il peut faire la distinction entre l'homme et son gouvernement. J'ai écrit cette chanson en réaction aux commentaires xénophobes à l'endroit des réfugiés syriens qu'on associait aux terroristes. J'y parle de jeunes hommes et de jeunes filles qui fuient leur pays et la guerre en quête d'un chez-soi qui n'explosera pas.»

Photo fournie par Mathieu Holubowski

Photo prise au Caire, en Égypte, en janvier 2015.

The Folly of Pretending

Mathieu et ses amis boivent de la bière «locale» dans un bar de fortune ougandais. «Cette chanson est inspirée de ce dont on parle moins au retour d'un voyage: la misère, la tristesse. À Montréal, boire de la bière fermentée dans un chaudron à l'aide d'une paille avec un filtre, on trouverait ça fou. Mais dans ce village isolé, d'une pauvreté extrême, c'est tout ce qu'ils peuvent se permettre parce que la bière en bouteille coûte trop cher. Pour nous, sur le coup, c'était le fun: on buvait de la bière pas très bonne et on a eu un gros mal de tête le lendemain. Mais eux, ça fait partie de leur quotidien.»

Photo fournie par Mathieu Holubowski

Photo prise à Sipi, en Ouganda, en août 2012.

Exhale - Inhale

C'est là que Mathieu a composé la musique d'Exhale - Inhale, dont il avait écrit les paroles le mois précédent au Guatemala. «Exhale - Inhale parle de l'effet cathartique du voyage, mais aussi de certaines personnes qui visent leur accomplissement personnel à la Eat, Pray, Love sans se soucier de la culture locale. Au restaurant d'une auberge de jeunesse, j'ai vu des jeunes de mon âge, en plein après-midi, un joint dans la main, une bière dans l'autre. Sur Facebook ou Instagram, ils vont dire que la vie était belle alors qu'ils consommaient de la drogue illégale, faisaient fonctionner le marché noir local et se promenaient en bedaine en heurtant les valeurs culturelles des gens de la place.»

Photo fournie par Mathieu Holubowski

Photo prise à Los Brasiles, au Nicaragua, en janvier 2016.

Wild Drums

«Wild Drums, c'est un moment euphorique où tu te sens tellement petit face à la nature que t'en as le souffle coupé. Ça remet tout en perspective dans ta vie. Je l'ai composée seul au bout du quai d'un camp de chasse à Saint-Raymond par un orage. J'ai ressenti la même chose quand cette photo a été prise au sommet d'une montagne surplombant la superbe vallée de Sipi Falls. La nature est d'une beauté sans pareille qui donne le goût de vivre.»

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En tournée tout l'automne, Mathieu Holubowski fera sa rentrée montréalaise au Club Soda le 23 février dans le cadre de Montréal en lumière.

CHANSON FOLK. Solitudes. Matt Holubowski. Audiogram.

Photo fournie par Mathieu Holubowski

Photo prise à Sipi Falls, en Ouganda, en août 2012.