The Dears sort son nouvel album une semaine après celui d'un autre groupe phare du rock indépendant canadien, Metric. Et comme le band d'Emily Haines, le quintette montréalais a débordé d'inspiration au point de pondre deux disques. Le premier volume de Times Infinity sort aujourd'hui, avant le deuxième qui sera lancé au début de l'année prochaine. Entrevue avec Murray Lightburn, Natalia Yanchak et Patrick Krief.

Le point d'orgue de la dernière tournée de The Dears pour l'album Degeneration Street a eu lieu en 2012 au Festival de jazz d'Istanbul, en Turquie. «J'étais enceinte de notre fils», se souvient Natalia Yanchak, qui partage sa vie avec le chanteur et moteur de The Dears, Murray Lightburn.

Après la naissance d'Apollo, petit frère de Neptune, un nouvel album a pris forme. Même deux.

Le groupe a commencé l'enregistrement de Times Infinity à Toronto, en juin 2014, puis à l'hotel2tango, à Montréal. C'est par ailleurs une photo (une étreinte du couple Lightburn-Yanchak) du réalisateur Howard Bilerman qu'on voit sur la pochette de l'album. «Nous avions beaucoup de musique et nous avons tout enregistré. C'est pourquoi il y a des volumes 1 et 2.»

«Il fallait que chaque album ait son identité propre, poursuit Natalia Yanchak. Le deuxième volume ne réunit pas des B-sides

«Comme Kill Bill 1 et 2, illustre Murray Lightburn. Il y a une fin au premier volume, mais tu n'es pas surpris qu'il y ait une suite.»

«Je dirais que le deuxième volume est un peu plus sombre», ajoute Patrick Krief.

The Dears célèbre sa 20e année d'existence. Times Infinity Volume One fait justement une sorte de synthèse de tous les albums du groupe. «C'est vrai qu'il y a de l'autoréférence, indique Natalia Yanchak. Nous formons un groupe depuis longtemps. Il nous arrive de plus en plus souvent de nous dire qu'un passage ne ressemble pas à David Bowie, mais à une de nos vieilles chansons comme 22: The Death of All The Romance

L'art de durer

Amoureux et parents, Natalia et Murray s'inspirent mutuellement. Ils rigolent quand nous leur demandons s'ils se sentent vulnérables lorsqu'ils se présentent leurs textes l'un à l'autre. Il y a plus de fiction que de réalité dans ces paroles, indique Murray Lightburn.

«Nos parents sont toujours ensemble, ce qui est assez rare, indique-t-il. La chanson You Can't Get Born Again, par exemple, recrée un dialogue tacite entre mes parents. Ils étaient à une époque - la fin des années 70 - où ils ne nous disaient rien.»

Le couple et le temps qui passe sont les thèmes de prédilection de Lightburn. «Cet album porte sur le fait de trouver le bon partenaire. Quand tu l'as trouvé, les défis deviennent secondaires, car tu as cet ancrage qui te donne de la force. Des gens l'ont, d'autres l'ont eu, puis l'ont perdu, et d'autres le cherchent encore. Je pense que l'album évoque tous ces scénarios.»

The Dears, complété aujourd'hui par le batteur Jeff Luciani et par le bassiste Roberto Arquilla, a vu des membres partir et revenir. Le groupe de Murray Lightburn célèbre ses 20 ans de carrière. Au-delà du chiffre, c'est une étape marquante.

«Être dans un groupe, c'est osciller constamment entre le fait de se demander pourquoi on fait cela et de se dire qu'il est certain qu'on va continuer.»

«J'ai appris des riffs de The Smiths et, 15 ans plus tard, je jouais à guichets fermés dans un club de Manchester devant des gens qui chantaient les pièces que j'avais écrites», lance Murray.

L'auteur-compositeur est fier de ce qu'il a bâti. «Nous avons un terrain de jeu petit, mais spécifique. Pink Floyd en a un grand, par exemple, et tu ne peux pas activer une pédale de delay sans penser à The Edge.»

The Dears n'est pas U2, mais il a aussi un son unique. Et ce n'est pas rien.

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The Dears se produit au Centre Phi vendredi, à 20h30.

ROCK INDÉ. THE DEARS. TIMES INFINITY VOLUME ONE. PHEROMONE RECORDINGS. SORTIE AUJOURD'HUI.