Montréal-Hollywood, Montréal-Paris, Montréal-Miami. Voilà les voyagements qui ont conduit Antoine Gratton durant la conception et la réalisation de A*STAR Is My Name, son premier CD destiné au marché anglophone nord-américain, lancé l'automne dernier.

« Je considère ce projet comme une carte de visite », nous dira d'entrée l'auteur-compositeur-interprète, rencontré en vue du spectacle de A*STAR présenté demain au Théâtre Corona avec le Quatuor Orphée.

L'histoire a commencé il y a quatre ans quand Antoine Gratton s'est retrouvé avec une invitation pour MUSEXPO, « les Nations unies de la musique ». Cette prestigieuse rencontre annuelle réunit à Hollywood tout ce qui grouille dans l'industrie : agents, directeurs de labels, journalistes, tourneurs, etc.

« On s'est maquillé, on a décoré la scène, on est allé chercher les gens dans le bar au son du banjo pour qu'ils viennent entendre les six ou sept tounes que notre trio avait préparées. Party solide pendant 25 minutes ! », raconte Antoine Gratton.

POUR LE PLAISIR

La solidité de la prestation a valu à Gratton non pas un contrat ou une bourse, mais une invitation à retourner à L.A. pour travailler avec des songwriters reconnus. Les choses ont cliqué avec Lone Lebone - Lone Proneur de son vrai nom - , un Français qui a travaillé avec les Fugees, entre autres.

Et voilà Gratton plus tard à Paris d'où il revient avec 20, 25 pièces conçues, explique-t-il, sur le seul principe du plaisir : « Lone et moi, on se demandait juste ce qu'on aimerait entendre, là, si on ouvrait la radio... »

Restait à enregistrer ce que CBC Radio 2 appellera de la « pop rythmique »... Antoine Gratton présente à Sphere Music, son étiquette, un budget minimaliste : Lone et lui iront enregistrer à Miami dans une maison transformée en studio par les « patenteux » qu'ils sont. « En plus des appareils standard d'un studio maison, on avait un piano, des guitares, une basse ; le micro des voix était dans une garde-robe... »

Pour se changer les idées - et financer son séjour floridien qui durera six mois - , Gratton mixe entre autres l'album de la chanteuse folk Amylie (Le royaume, Audiogram, 2012) qu'il avait lui-même réalisé.

UNE ÉTOILE ET DES CORDES

Revenu à Montréal avec plus de 20 pièces dont 14 se retrouvent sur le CD, Gratton le pianiste et chanteur en enregistre 11, sur vidéo, avec le quatuor à cordes Orphée - Geneviève Clermont, Nathalie Duchesne, Karine Lalonde, Stéphanie Collerette - sur des arrangements qu'il a lui-même écrits. « L'idée première était de mettre ces vidéos sur le web en appui au disque, mais, quand on a écouté ça, on s'est dit : il faut que ça sorte ! »

Et un deuxième CD, intitulé A*Strings, s'est retrouvé dans le boîtier de A*STAR, barbu mais brillant à souhait sur le livret : verres fumés noirs, costard blanc, papillon argent sur chemise léopard. Glitz !

Antoine Gratton n'est pas dupe du personnage, lui qui, chevelure rose ou bleue, a l'habitude de monter sur scène dans les costumes les plus extravagants, avec une immense étoile dessinée autour de l'oeil droit... et absente chez son héritier.

« Le personnage A*STAR permet de faire la distinction entre ce que je fais en anglais et en français », explique Antoine Gratton.

Et ce premier spectacle, demain soir au Corona ? « J'ai choisi de le faire avec le Quatuor Orphée pour donner du relief aux chansons, mettre une touche plus personnelle », explique A*STAR en précisant toutefois que lesdites tounes « n'ont pas d'ego », c'est-à-dire qu'elles ne sont pas l'oeuvre d'un « braillard » patenté.

Relief donc mais puissance aussi : A*STAR, au piano, sera accompagné d'une section rythmique composée de Samuel Joly à la batterie et de Marc-André Landry à la basse, l'instrument préféré d'Antoine Gratton, premier bassiste des Potholes et émule des McCartney, Sting et Larry Graham, anciennement de Sly & The Family Stone. « La basse, c'est la profondeur de la musique, mais c'est aussi la colle, le ciment... »

Avec un peu de rock, nous voilà donc dans le béton, garantie ultime de ce que A*STAR et son alter ego se sont donné comme mission, le « party solide » qu'ils résument tous deux en trois lettres : « FUN ».

Au Théâtre Corona, samedi 19 h.