Ludovic Alarie s'est présenté à la maison de disques avec quatre démos et un projet de mini-album en tête. Les gens d'Indica ont écouté les chansons, se sont regardés et ils ont dit non... «Non, il n'y aura pas de mini-album... On va faire un CD complet.»

Le musicien est retourné chez lui et, en autant de séances d'enregistrement étalées sur deux mois, dix autres pièces ont vu le jour, purs produits de la méthode «Ludo» basée sur la collégialité musicale.

«J'arrive avec des enchaînements d'accords plus qu'avec des mélodies», affirme l'auteur-compositeur-interprète qui, malgré huit ans de cours de théorie classique à Pierre-Laporte et à Vincent-d'Indy, dit faire «tout à l'oreille». Les suites d'accords sont passées aux orchestrateurs Alexis Raynault et Gabriel Ledoux, qui disposent d'une «carte blanche» parce que la confiance est totale.

En studio, les pièces ont grandi encore avec l'apport de la choriste et percussionniste Adèle Trottier-Rivard et du réalisateur Warren C. Spicer, leader de Plants&Animals et maître de l'accroche. «Warren travaille à contre-courant et arrive toujours avec des trucs catchy», lance Ludovic Alarie avec l'air du gars qui n'a rien à voir avec tout ça.

Le père et le fils

À 21 ans, le jeune homme montre déjà une impressionnante feuille de route.

Depuis l'âge de 16 ans, il mène le projet The Loodies, quintette comptant déjà des prestations en Allemagne et en Suisse. The Loodies - «les gens», en russe - chantent en anglais et ont deux disques à leur actif; un troisième est prévu pour 2015 que leur leader décrit comme «dark, futuriste, cowboy, indie».

«Indie» comme dans indépendant des courants - des clichés? - soutenus par les majors. «Indie comme dans liberté, oui...»

Clichés... Les origines de Ludovic Alarie en évoquent plusieurs. N'est-il pas «tombé dedans quand il était petit» ? Et il est vraiment le fils de son père, Frédéric Alarie, contrebassiste de jazz et professeur à l'UdeM, non?

«Mon père ne m'a jamais donné de cours et je n'ai jamais étudié le jazz», précise le fils guitariste en nous montrant sa Gibson Electric Spanish 120 de 1965. Son autre instrument favori est une Yamaha FG 140 «cheap», celle-là même dont il joue sur le clip Mon tendre II... en duo avec son père, justement.

Cette collaboration fils-père pourrait déboucher sur un disque en duo, chose assez rare dans l'histoire de la musique québécoise. Entre-temps, le fils - qui ne joue pas de jazz pour ne pas «mêler les affaires» - retrouve tout de même une de ses compositions (Interlude) sur le CD double que son père vient d'enregistrer avec le trompettiste Jacques Kuba Séguin et le guitariste Sylvain Provost.

Outre ces projets, Ludovic Alarie travaille déjà à un deuxième CD en son nom. «Une vingtaine de pièces sont déjà prêtes: j'aime garder le beat studio...»

Il y aura aussi cette tournée hivernale avec Arthur H (avec un arrêt au Club Soda le 27 janvier). Après, Ludovic Alarie va prendre la route avec son band pour faire connaître ce nouveau visage qui a déjà fait beaucoup de chemin.