Tim McIlrath, chanteur de Rise Against, repassait par Montréal deux semaines après s'être produit au festival Woodstock en Beauce. Le prétexte: discuter du septième album de son groupe punk-hardcore populaire au Québec.

«C'est à Woodstock [en Beauce] que nous avons essayé pour une première fois live, notre premier extrait I Don't Want to Be Here Anymore. C'était bien! En 2011, nous avions aussi tourné le clip de notre chanson Satellite à Québec et Montréal pour la foule», souligne-t-il.

L'automne dernier, Rise Against a commencé à assembler les pièces de The Black Market par étapes, dans les différentes villes où vivent ses membres. «À Los Angeles, Chicago, dans le Colorado, au Texas, énumère Tim McIIrath. Nous avions une vingtaine de chansons quand nous sommes officiellement entrés en studio en janvier.

«La chanson The Black Market est l'une des dernières que nous avons écrites. Cette chanson nous est apparue comme une étincelle, poursuit-il. C'est donc après coup qu'elle allait devenir le concept qui allait envelopper tout l'album.»

Avec ce nouveau disque, le quatuor punk-hardcore explore des zones d'ombre à travers des métaphores de rituels. Le chemin de croix du créateur, illustre par exemple Tim McIIrath. «Comment il faut aller dans des endroits sombres pour transformer l'eau en musique avec de la rage, de la douleur et de la tristesse. Mais en étant confronté réellement à ses sentiments pour que la démarche soit cathartique et que cela puisse parler aux gens.»

Les textes de The Black Market reflètent aussi le statut de trentenaire des membres de Rise Against, qui ont fait assez de chemin dans la vie pour pouvoir en tirer des premières conclusions. «Il y a beaucoup de mortalité et de trépidations sur l'album, opine son chanteur. The Black Market est à propos de ce que nous faisons comme musiciens et artistes. Combattre le système en établissant nos propres règles.»

L'un des b-sides de l'album s'intitule Escape Artists. Pour Tim McIIrath, c'est le privilège des musiciens et des gens qui gagnent leur vie avec leur passion. Ils ont pu échapper au sort du quotidien et de la routine forcés dans une sorte de marché noir. «Je nous vois comme des kids qui ont pu prolonger leur adolescence. Même chose pour mon ami qui a un studio de tatouage. Lui aussi est un escape artist

Après sept albums, Tim McIlrath, Joe Principe, Brandon Barnes et Zach Blair (ce dernier est un fan fini de Voivod) embrassent leur statut de vétérans. «C'est bizarre mais cela nous fait apprécier la longévité du groupe. Rise Against a toujours été un peu à côté des projecteurs, mais je crois que cela explique notre survie. Les modes passent, mais nous avons toujours agi selon nos propres volontés. On a toujours voulu établir un lien de confiance avec notre communauté de fans.»

Militants, les membres de Rise Against revendiquent leur statut de végétariens. Un choix alimentaire, mais aussi politique.

Dans la pièce The Eco-Terrorist in Me, Tim McIlrath dénonce comment le gouvernement ou des gens de pouvoir peuvent propager la fausse idée que le militantisme s'apparente au terrorisme. «C'est comment l'industrie de la viande tente de gagner la bataille contre les gens qui défendent les conditions de vie des animaux. En affirmant que ce sont des extrémistes violents. C'est un mot lourd de sens qui rappelle le communisme et l'ennemi politique.»

En famille

Rise Against fait confiance aux mêmes réalisateurs depuis cinq albums, Bill Stevenson et Jason Livermore. «Ils nous connaissent depuis que nous sommes un petit band. C'est comme de la famille. Peu importe ce qui arrive, nous revenons toujours à eux.»

Au lieu de se réinventer, Rise Against préfère rester fidèle à lui-même. «Garder un pied dans le punk-rock et un autre dans le hardcore. Mais nous avons pris des petites décisions qui font en sorte que The Black Market est un album unique et accompli. Pas une suite à un autre», souligne Tim McIlrath.

Après tout, pourquoi changer une formule gagnante basée sur l'intégrité?