La grande finale des Francouvertes aura lieu lundi soir, au Club Soda, en compagnie des porte-parole Louis-Jean Cormier et Dany Placard, ainsi que des gagnantes de l'an dernier, les soeurs Boulay. Les trois finalistes ratissent large dans le spectre de la musique, du rap au folk-bluegrass en passant par la chanson de tradition française. Entrevues avec, le groupe post-rap Dead Obies, l'auteure-compositrice Marcie et le trio de filles Les Hay Babies, de Moncton.

DEAD OBIES

La scène est au coeur du hip-hop et des soirées WordUP! Battles, où les membres du groupe Dead Obies sont des habitués.

Il faut voir Dead Obies en spectacle pour comprendre à quel point chaque performance est une force de frappe à six têtes. Il y a un an, le collectif a lancé un album informel intitulé Collection vol. 1. «Le buzz a fait boule de neige alors qu'on avait enregistré ça dans une garde-robe sans budget!», raconte le MC Jean-François Ruel.

C'est à l'automne que Dead Obies sortira son premier album officiel en grand. «En ce moment, on est plus un groupe live qu'un groupe d'album.»

Les membres de Dead Obies disent venir «de la Rive-Sud sale», la banlieue plate qui invite au refoulement. Ils font du «post-rap» qui transcende le genre avec des textes «conversationnels comme dans la vraie vie», bilingues... un «franglais» qui déplaît à certains puristes de la langue. «Il y a tellement de tensions culturelles sur ce qu'est l'identité québécoise», souligne Jean-François Ruel.

Et que dire de chaque étape franchie des Francouvertes jusqu'à la finale? «On a approché ça comme des concerts et pas comme un concours, répond le MC. Notre authenticité a résonné.»

«La finale, c'est un bonus, ajoute-t-il. La musique, c'est sacré et ce n'est pas un concours. C'est qui, le meilleur, entre The Clash et Miles Davis?»

MARCIE

Marcie suit le parcours informel typique d'une auteure-compositrice québécoise au succès prometteur: École de la chanson de Granby, festival Petite-Vallée (où elle a remporté cinq prix), et maintenant finaliste aux Francouvertes.

Mardi dernier, la jeune femme de 23 ans a même lancé son premier album, réalisé par son guitariste Ludo Pin. N'est-ce pas beaucoup de choses en même temps? «Ce n'était pas planifié que j'aille en finale, lance-t-elle. À l'automne, le disque était prêt et on s'était dit qu'il fallait le sortir pour que les chansons ne se fanent pas. Ça tombe bien, car je sors le spectacle en même temps.»

Marcie est originaire du Saguenay, mais son interprétation solennelle et mélancolique évoque plutôt l'univers des grandes chanteuses françaises. «Quand j'étais petite, ma mère écoutait Brel, Gilbert Bécaud et Georges Moustaki.»

Le premier EP de Marcie était de facture folk. En confiant la réalisation de son LP à Ludo Pin, des «éclairs électriques» et des arrangements plus «rugueux» sont venus donner du tonus à ses compositions.

Qu'elle remporte ou non les Francouvertes, Marcie est promise à un bel avenir. Elle est à l'affiche dans plusieurs festivals cet été. Lundi soir, ce sera néanmoins «un défi de se produire au Club Soda». «Je vais changer le pacing pour dynamiser le spectacle», annonce-t-elle.

LES HAY BABIES

«On vient juste de mover in», lance Katrine Noël, en direct de son nouveau studio à Moncton.

La joueuse de banjo a beau dire que son accent ne ressemble pas à celui de Lisa LeBlanc («je parle pas beaucoup en chiac et je ne roule pas mes R»), son interlocutrice montréalaise trouve qu'il est pareil ou presque.

Les Hay Babies ont assuré la première partie de Lisa LeBlanc à l'Olympia, en janvier dernier. La musique du trio donne dans l'indie-folk-roots-country, mais les chansons sont plus «douillettes» que celles de la révélation de l'année à l'ADISQ. Les harmonies vocales sont également au coeur de leur démarche, à l'image des soeurs Boulay.

Les Hay Babies est un trio à trois chanteuses formé de Katrine Noël au ukulélé, Julie Aubé au banjo et Vivianne Roy à la guitare. «On a vraiment trois personnalités différentes, mais on se complète bien», explique la première.

Au tournant de la vingtaine, les trois filles «originaires de trois des quatre points cardinaux du Nouveau-Brunswick» ont participé au même concours de chant alors qu'elles étaient dans des écoles secondaires différentes. «On s'est retrouvées à Moncton», raconte Katrine.

Les Hay Babies ont donné une centaine de spectacles depuis novembre 2011. L'imprésario des Hay Babies a inscrit les filles aux Francouvertes à leur insu. «On a findé out à la dernière minute que c'était un concours», raconte Katrine.

Lundi soir, advienne que pourra. «On va à la finale pour le show et la salle.»