Avec quatre disques, un DVD, des dizaines de chansons et des centaines de spectacles, Les Petites Tounes font partie de la vie de nombreux petits Québécois - et de leurs parents, il faut bien le dire. Plus près de La Ribouldingue que de Cornemuse, les quatre musiciens n'ont qu'un message à passer, celui du plaisir de s'amuser, chanter et danser en écoutant de la bonne musique. Message reçu.

Mardi matin, maison de la culture Mercier, dans Hochelaga-Maisonneuve. Les Petites Tounes donnent un spectacle pour des groupes de garderie. Pendant la chanson Le fantôme de minuit, dans un éclairage tamisé, un fantôme traverse la scène derrière les quatre musiciens, qui chantent comme si de rien n'était. Dans la salle, les enfants sont déchaînés: ils montrent l'intrus du doigt, hurlent aux membres du groupe de se retourner... ce qu'ils font seulement lorsque le fantôme a disparu.

«C'est rien ça, hier c'étaient des plus vieux qui assistaient au spectacle (maternelle, première et deuxième année), c'était le délire!» racontent Les Petite Tounes après la représentation. Ils sont pourtant habitués à l'ambiance survoltée qui règne pendant leurs spectacles...

Le groupe vient de passer toute la semaine dans l'est de la ville pour des groupes scolaires - ce qu'il fait de moins en moins. Mais en décembre, il promènera partout au Québec ce spectacle conçu pour la période des Fêtes, intitulé C'est à quelle heure minuit.

«Je n'avais jamais voulu faire un spectacle de Noël, explique le chanteur Carlos Vergara, parce que je ne voulais pas tomber dans la consommation, les cadeaux... Il fallait qu'on trouve un angle.» Ils ont choisi celui de l'attente, du partage et des réunions de famille, fil conducteur qui sert à lier leurs vieilles et nouvelles chansons.

Mais en janvier, Les Petites Tounes remonteront sur scène avec le spectacle tiré de leur plus récent disque, Au grand galop, album country-folk dans lequel ils sonnent plus «band de rock» que jamais. C'est que l'arrivée d'un bassiste, Éric Bégin, a modifié le son du groupe après le départ de Rodolphe Fortier, maître en synthé et en bruitage. «Quand j'ai su qu'ils se cherchaient un bassiste, je les ai appeléspour proposer mes services, raconte Éric. J'étais vraiment un fan.»

Un collègue les a déjà qualifiés de «U2 des tout-petits». Ils se voient en effet d'abord comme des musiciens, à la différence près qu'ils écrivent pour les enfants. Bref, ils prennent leur boulot très au sérieux. «Après quatre ans, on voulait que ce disque soit bon,explique le batteur, Martin Saucier. Nous avons travaillé la production comme si c'était pour les adultes.»

«On y a mis autant de temps que pour un album des Vilains Pingouins, dit Claude Samson, ex-membre des dits Pingouins. En préproduction, en studio... même que notre fiche technique est plus longue!»

Les Petites Tounes ont pu enregistrer leur disque dans le studio de Michel Pagliaro, ce qui leur a permis d'avoir accès à un équipement dont ils ne disposent pas habituellement. «On a fait des tests de voix pour que chacun ait le bon micro, relate Claude. Alors que pour les autres disques, c'était un micro pour la gang...»

Mais s'ils adorent faire des albums, c'est sur scène que Les Petites Tounes s'éclatent. «Les enfants donnent beaucoup pendant un spectacle. Mais il faut donner autant en retour, souligne Carlos. Quand une chanson ne marche pas, c'est vraiment long...»

Jamais, assurent-ils, ils ne sont fatigués de travailler pour les petits. «Musicalement, j'y trouve mon compte», assure Martin, qui s'estime privilégié de pouvoir jouer une aussi large palette de styles musicaux, aussi souvent. Les autres opinent... avant d'aller manger une bouchée et de remonter sur scène pour leur deuxième spectacle de la journée. Avec le sourire.

Pour des informations sur les spectacles des Petites Tounes: www.lespetitestounes.ca