Dès l'ouverture de son spectacle avec une projection abstraite en noir et blanc et la musique de sa ballade Stay, on savait que Rihanna allait revenir à des bases plus minimalistes et introspectives, comme elle le fait sur son nouvel album Anti. Et comme toujours, Rihanna incarnait le mot «sexy» dans toute sa splendeur.

Vêtue sobrement de blanc, Rihanna a commencé le spectacle sur une structure située sur le parterre, à l'opposé de la scène principale. Après Stay, elle a enchaîné avec l'introduction de son tube sorti avec Eminem, Love The Way You Lie (Part II), rapidement mixée avec Woo. La foule: à ses pieds.

Une passerelle transparente suspendue dans les airs permettait alors à Rihanna de marcher suavement et de se déhancher par-dessus la foule. La gestuelle allait de pair avec la chanson en cours, Sex With Me. Puis la star a fait tomber sa cape pour dévoiler un justaucorps et des cuissardes.

La popularité de Rihanna ne se dément pas. Elle se produisait à Québec avant-hier et elle remet cela au Centre Bell ce soir.

Pour assurer sa première partie, Travis Scott, qui a fait de même récemment pour The Weeknd.

Rihanna avait opté pour une mise en scène somme toute assez classique. Des danseurs à ses côtés, des chorégraphies plus charnelles que complexes et des projections sobres. Après le début langoureux du spectacle, Rihanna a fait monter l'énergie d'un cran avec Bitch Better Have My Money.

Le début du spectacle a suivi davantage les codes du rap et du R&B que ceux de la pop. Rihanna mettait en valeur sa voix. On la sentait près du public et en symbiose avec ses chansons.

Après un changement de costume, Rihanna a interprété Consideration (son duo avec SZA) puis un pot-pourri redoutable de ses collaborations Live Your Life, Run This Town et All of the Lights. Puis a suivi une version électro-rock d'Umbrella.

Les premières notes de Work ont créé un moment d'hystérie dans la foule.

Rihanna a chanté Rude Boy en marchant d'un bout à l'autre de la scène. Sa voix grave et puissante a admirablement bien servi Where Have You Been, qui a transformé le Centre Bell en chaude boîte de nuit.

Rihanna a pigé judicieusement dans son répertoire (Rude Boy, Diamonds), mais elle a surtout présenté les nouveaux titres d'Anti - n'en déplaise aux spectateurs qui n'espéraient que ses tubes radiophoniques.

Cette sélection de chansons était plus intéressante sur le plan musical. Notamment quand les guitares électriques de Desperado ont précédé les rythmes dancehall de Man Down. Rihanna a par ailleurs utilisé le remix du DJ montréalais Shash'U.

Unique et imparfaite

Dans les médias, on a beau voir Rihanna fumer de gros joints et incarner un discours féministe pas toujours cohérent, elle a une voix d'enfer, un paquet de tubes et des chansons éminemment personnelles.

Sur Needed Me, Love On The Brain et d'autres chansons de son huitième album Anti - dont sa brillante reprise de Tame Impala, Same Ol' Mistakes -, Rihanna parle de désillusions, de solitude et de confiance perdue. En cette ère de pop positive, il fait presque du bien de se réfugier dans des chansons qui confessent des imperfections et des sentiments plus sombres.

Le spectacle de la tournée d'Anti fait ressortir une dimension plus intérieure de Rihanna. Par moments, hier, elle semblait littéralement enivrée par ses chansons.

Rihanna est une interprète, mais surtout une auteure-compositrice inspirée et sans vertu. Rihanna en fait aussi à sa tête avec un spectacle somme toute assez court (85 minutes, hier soir) et sans rappel.

Incorruptible, cette Rihanna. Et qu'elle le reste.