Chris de Burgh aurait pu passer inaperçu, coincé qu'il était entre les mégastars Stromae et Stevie Wonder de passage au Centre Bell. Mais, comme en 2012, le troubadour pop aux valises bondées de ballades a suffisamment de fans irréductibles à Montréal pour emplir deux salles Wilfrid-Pelletier en deux soirs.

Depuis la dernière fois qu'on l'a vu, Chris de Burgh a lancé l'album The Hands of Man, dont il a chanté deux chansons au début de la soirée, mardi. Mais l'intérêt de ses deux rendez-vous montréalais tenait surtout à la deuxième partie du concert, au cours de laquelle le chanteur et conteur était accompagné, en plus de son groupe, d'un orchestre de 34 musiciens sous la direction de Stéphane Laforest.

Assis à côté du maestro puis debout avec sa guitare, de Burgh a puisé dans son répertoire de ballades. Quand est venu le tour de Lonely Sky, il a glissé quelques phrases de sa version française, Loin de moi, qu'il a enregistrée des décennies plus tard avec Marie-Élaine Thibert. Rien d'étonnant de la part de ce sympathique monsieur qui s'est adressé au public en français toute la soirée.

C'est tout de suite après que ce concert, jusque-là gentil, sans plus, est devenu franchement réussi. D'abord avec l'épique The Revolution, suivie de l'incontournable A Spaceman Came Travelling. L'orchestre, dont les violons enjolivaient surtout les ballades du chanteur, a plongé la tête première dans ce rock symphonique, dans lequel la guitare électrique était évidemment à l'avant-plan.

Du bonbon 

Le public a acclamé de Burgh quand il a chanté avec abandon Borderline, et toutes les dames vêtues de rouge ont espéré que leur idole les étreigne alors qu'il faisait le tour du parterre en chantant The Lady in Red. La suite, de Spanish Train à High on Emotion en passant par Don't Pay the Ferryman, allait être du bonbon.

Avant l'entracte, Chris de Burgh avait chanté avec ses quatre musiciens des chansons de toutes ses périodes, dont certaines accusaient leur âge. Plutôt que de rafraîchir des succès des années 80 baignant dans des synthés ringards comme Man on the Line, l'homme se fait un devoir de les rendre à l'identique, comme il l'a fait avec Africa, empruntée au groupe Toto.

Ses fans montréalais ne demandaient pas mieux. Et c'est pour leur faire plaisir qu'il a chanté, seul avec sa guitare acoustique, Patricia the Stripper, qu'il boude dans la tournée actuelle, mais dont il n'aurait jamais osé priver ces admirateurs de la première heure qu'il a remerciés deux fois plutôt qu'une. Mardi encore, ce public qui a fait un triomphe à son album Spanish Train and Other Stories il y a 40 ans a chanté avec un plaisir manifeste le refrain de sa chanson coquine. «Vous chantez comme des anges», leur a dit leur chouchou, lui-même très en voix.

Chris de Burgh remet ça mercredi soir à Wilfrid-Pelletier.