«C'est un plaisir d'être ici dans votre belle ville. Vous savez, Brooklyn et le Plateau sont un peu semblables: nous avons Lester's, vous avez Lafleur...», a blagué Barbra Streisand, faisant le délice de ses fans rassemblés dans les gradins du Centre Bell pour une grande messe de l'adult contemporary. Dans une ambiance surannée à la new-yorkaise, la svelte Funny Girl, avec ses cheveux lisses blonds, son profil unique et ses tenues de soirée, a offert une soirée luxueuse et inoubliable à ses admirateurs.

Généreuse et bavarde avec son public largement constitué de dames aux coiffures inspirées de la sitcom The Nanny, Barbra s'est montrée relaxe et comique, se réjouissant de la performance d'Obama la veille, félicitant le Québec pour l'élection de sa première femme premier ministre. La star de 70 ans a même osé un clin d'oeil au célèbre sketch Coffee Talk de Saturday Night Live, prenant un lourd accent de Brooklyn et nous invitant à parler entre nous.

Une artiste totalement à son aise entourée de son orchestre, sirotant du thé, blaguant sur son âge, se débrouillant fort bien en français et interprétant ses classiques comme Nice and Easy ou The Way He Makes Me Feel (thème de Yentl) avec grâce, glamour et une certaine désinvolture que lui permet sa maîtrise parfaite de ses précieuses cordes vocales. Se plaignant de la sécheresse de l'air du Centre Bell, elle s'est pourtant montrée exquise, avec ses jeunes invités du trio de ténors italien Il Volo, qui l'ont accompagnée dans le standard Smile.

La Streisand nous a entraînés dans les années 70, en revisitant l'évocateur Guilty. La voix était alors un peu plus instable, mais l'esprit intact. Puis, elle a repris le contrôle avec I Finally Found Someone, duo qu'elle a interprété avec Bryan Adams. Tout doucement, elle a livré The Way We Were avec nuances et émotion, dans un medley hommage à Marvin Hamlisch. La star a fait la preuve que les jeunes de Glee n'ont rien inventé, rappelant qu'elle possédait encore son sens de la théâtralité musicale, notamment par une version éclatante de Gypsy (Funny Girl).

Au retour de l'entracte, elle est apparue vêtue d'une robe rouge vif pour interpréter une version bilingue de Ne me quitte pas de Jacques Brel. Auprès du trompettiste Chris Botti, Babs s'est approprié My Funny Valentine, What'll I Do et Lost Inside of You avec chaleur. Evergreen a enveloppé la salle d'une aura nostalgique de la radio easy listening des années 80. À l'issue d'une pause instrumentale et après un duo avec son fils Jason Gould, la soirée s'est étirée avec l'incontournable People et la nostalgique Here's to Life.

Babs nous a un peu sermonnés sur l'environnement, avant de se lancer dans sa finale Make our Garden Grow, avec l'ensemble Montreal Choral Institute. Triomphante, elle est revenue s'asseoir sur scène pour une petite dernière, la nostalgique Some Other Time de Leonard Bernstein.

«J'allais sortir et revenir, mais je suis trop paresseuse», a-t-elle blagué, avant d'accueillir sa soeur Roslyn Kind pour un duo sur Get Happy.

Une soirée magique, intime et grandiose, enrobée d'un glamour comme il ne s'en fait plus. C'est Mike Myers qui l'a dit: «Barbra, she's like butter.»