Benjamin Beilman, le jeune violoniste américain qui remporta l'an dernier, à 20 ans, le grand prix du Concours international de Montréal, nous revenait jeudi soir, à Lanaudière, pour un programme qu'il était absolument seul à défendre.

Cette fois, pas d'orchestre, pas même de piano sur lequel s'appuyer. Beilman s'attaquait aux 24 Caprices de Paganini qui, plus de 200 ans après leur conception, demeurent l'illustration par excellence de la grande technique de violon classique.

Seul avec son Gagliano de 1790 au milieu du sanctuaire de l'église de la Purification, de Repentigny, et face à un mince auditoire de 150 personnes, le jeune homme habillé de noir livra la partition entière de mémoire, en deux tranches de 12 Caprices chacune, de 44 minutes et 37 minutes respectivement, séparées par un entracte de 20 minutes.

Il faisait très chaud dans l'église dont portes et fenêtres étaient tenues fermées en raison du bruit des voitures et du tapage d'un kiosque à musique tout à côté. Plusieurs fois entre les pièces, on vit le jeune violoniste s'essuyer le front ou réaccorder son violon. On le plaignait d'avoir à se produire dans des conditions qui expliquent très certainement les nombreux écarts de justesse et miaulements qui ont accompagné son discours, et qui expliquent aussi, sans doute, l'omission d'une grande partie des reprises.

Mais ces accidents de parcours ne diminuent en rien les mérites de Beilman comme technicien. Son exécution du Concerto de Sibelius lors du concours et son récent disque Prokofiev sont la preuve qu'il possède une grande technique de violon. En dépit du contexte quasi inhumain de jeudi soir, qui lui fit perdre bien des points, il faut reconnaître que le jeune musicien surmonta effectivement toutes les embûches que Paganini a accumulées sur la route de son interprète : gammes en tierces, doubles cordes chromatiques, intervalles inhabituels, mélodies simultanées, etc.

M. Beilman a réalisé tout ce que le compositeur demandait. Le contexte très difficile l'a tout simplement empêché d'y apporter le fini souhaité et, à un degré supérieur, de transformer ces exercices de virtuosité en authentiques expériences musicales, comme sut le faire, par exemple, Rachel Barton Pine en 2006 au Festival de musique de chambre de Montréal.

Le jeune violoniste trouva néanmoins le temps et l'énergie pour quelques mots de présentation et un rappel, extrait de la Sonate pour violon seul de Prokofiev.

BENJAMIN BEILMAN, violoniste. Intégrale des 24 Caprices pour violon seul, op. 1 (1800-1807), de Niccolo Paganini. Jeudi soir, église de la Purification, de Repentigny. Dans le cadre du 34e Festival de Lanaudière.