Que cet album ait joué en boucle dans nos oreilles n'a rien à voir avec notre travail de critique. Si l'on peut camper la pianiste Jade Bergeron et son projet Flying Hórses dans la mouvance néo-classique, cimentée au Québec par Jean-Michel Blais et Alexandra Stréliski, la proposition ouvre ses bras au post-rock (bonjour Sigur Rós) et à une instrumentation enveloppante - boîte à musique et célesta vintage s'adjoignent des arrangements de corde.

Sur Reverie, enregistré en quatre temps et lieux, dont l'Islande, la multi-instrumentiste fournit une trame narrative mélancolique autour du mouvement, avec de nombreux jeux de miroirs (Awake/Asleep, Settled/Unsettled, etc.).

C'est à l'auditeur de remplir les cases à la lueur de son vécu, de ses souvenirs, de sa sensibilité... Ainsi, l'ambiance métallique de Migration évoque chez nous un enfant migrant qui fuit sur la pointe des pieds, tandis que Fearless, inénarrable, nous laisse les yeux humides.

Difficile, devant les images qui se bousculent et la nomenclature des titres, d'évacuer le contexte politique. Comme si Jade Bergeron voulait nous dire: là où s'érigeront les murs, il y aura toujours des chevaux volants.

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Néo-classique. Reverie. Flying Hórses. Bonsound.