Voilà le huitième album studio de Deerhunter, formation d'Atlanta dont Bradford Cox est l'artiste central, aussi connu pour ses excellents projets solos sous l'enseigne Atlas Sound.

On y savoure les perceptions sensibles de sujets épars, néanmoins représentatifs de la conjoncture actuelle: assomption d'un corps ne correspondant pas aux standards esthétiques admis socialement, condition particulière d'un «queer asexué», questionnements face à un monde où l'attention soutenue connaît un déclin vertigineux, débordements nationalistes du Brexit et évocations bucoliques au pays des Kinks, trumpisation populiste de l'Occident, disparition de tant d'autres éléments constitutifs des sociétés humaines.

Ainsi, Deerhunter répond à la question-titre de cet opus par l'injection de substances revivifiantes pour l'esprit et le corps, substances propices aux artistes résistants et leurs réseaux d'affinités.

Réalisées et arrangées avec beaucoup de latitude, ces musiques de guitares et de synthés analogiques puisent dans les référents folk rock, krautrock, ambient, indie pop aux tempos lents ou moyens.

Ces chansons ont été enregistrées à Marfa, dans une région désertique du Texas ; on en ressent effectivement l'espace, le sable, le gravier que surplombent l'intelligence de l'émotion et le talent supérieur de Brad Cox, chanteur, compositeur, parolier et multi-instrumentiste autour duquel sont réunis de nombreux musiciens et invités.

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INDIE ROCK, INDIE POP. Deerhunter. Why Hasn't Everything Already Disappeared? 4AD.