Trois décennies de raffinement, et voilà que cet orfèvre de la pop troque l'or et l'argent pour le fer et le titane. Le onzième album studio d'Étienne Daho, 61 ans, est le plus psychédélique, le plus «wall of sound», le plus rock de sa discographie.

Aussi traversée par le cinéma, la facture est tributaire des grandes années 60-70 vécues au Royaume-Uni ou aux États-Unis, elle relève également de récentes relectures françaises (Moodoïd) ou californiennes (Unloved, Holy Wave, Froth) - pour reprendre la nomenclature du principal intéressé, cité par les médias français.

Le parolier y évoque l'état mental engendré par une péritonite qui aurait pu lui coûter la vie (Les flocons de l'été), dépeint celles qui tuent par conviction religieuse (Les filles du canyon), imagine à Londres cet appartement mythique de Syd Barrett dans ses derniers retranchements de lucidité (Chambre 29), rappelle les abus nocturnes de la faune (Les cordages de la nuit).

Sensible aux violences terroristes vécues en Europe, le narrateur suggère que «nous chanterons sous les bombes» (Après le blitz), que «nous resterons dressés face au danger» (Nocturne), adversité contre laquelle les êtres libres doivent résister (Hôtel des infidèles). Jade Vincent donne la réplique à Daho dans The Deep End, Flavien Berger dans Après le blitz.

À la différence de cet optimisme halluciné ayant marqué l'époque de ses inspirations, un autre état d'esprit accompagne ce psychédélisme de 2017. Daho s'y résigne... et signe.

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POP. Blitz. Étienne Daho. Capitol/Universal.