On l'observe depuis une période récente, le tenorman californien incarne le renouveau jazzistique, un genre en déficit de public depuis de trop nombreuses années. En raison de ses affinités avec les acteurs les plus prisés de la blackitude à Los Angeles - le rappeur Kendrick Lamar, l'artiste électro Flying Lotus... -, l'imposant musicien attire de jeunes auditoires qui, normalement, n'auraient rien à cirer du jazz et récolte les critiques dans les médias branchés qui, d'ordinaire, boudent ce style sauf exception.

Pourtant, ces compositions soumises aux jazzophiles nouvellement conquis n'ont à peu près rien de neuf, leur exécution sur scène est un tantinet brouillonne - si l'on s'en tient au concert de KW donné au Métropolis en juin 2016.

Essentiellement, cette musique puise dans les années 60 (jazz coltranien, soul jazz, samba jazz dans cette nouvelle offrande) et les réformes formelles y brillent par leur absence.

On apprécie certes la ferveur et la puissance de ses interprètes et improvisateurs, on convient de leur compétence, mais on commence déjà à se lasser de leur pauvreté conceptuelle.

Ce mélange purement sixties sera-t-il fédérateur encore longtemps?

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JAZZ. Harmony of Difference (EP). Kamasi Washington. Young Turks.