On ne se refait pas à 68 ans, mais... Cesaria Evora ne jette pas l'éponge pour autant. Au terme d'une maladie qui l'a tenue à l'écart des feux de la rampe, elle mise davantage sur les danses capverdiennes aux joyeux tempos, coladeiras servies avec des arrangements aux arômes colombiens (cuivres de Bogota) et égyptiens (cordes du Caire).

Sa voix de vieille fée un peu désabusée, une voix qui frise l'indifférence, se fonde toujours aussi efficacement dans ces musiques capverdiennes signées entre autres par Manuel de Novas, Tututa, Vittorio et Teofilo Chantre.

Le groove y est tranquille, Cesaria se dandine langoureusement mais sûrement, sans jamais défaillir. Vous avez beau résister, ça finit par s'installer en vous. Et puis ça part comme c'est venu.

Le virus que nous injecte Cesaria est un vaccin contre le spleen tropical, même s'il en est constitué. On en connaît les tournures, on les trouve ultra prévisibles, on met le CD à reculons dans le lecteur... et la dame vient quand même nous bercer tranquillement, nous fait passer un moment de vérité humaine.

Avec ce sous-entendu: il ne faut pas trop s'énerver avec le changement, il vaut mieux transpirer la vie. Cet immobilisme apparent n'exclut pas la rigueur et le grand professionnalisme de ses musiciens, impeccables sur toute la ligne.

À écouter : Esperança Di Mar Azul

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MUSIQUES DU MONDE. CESARIA EVORA. NHA SENTIMENTO. LUSAFRICA.