À la fois traditionnellement folk et bellement actuel, l’art chansonnier de Myriam Gendron conjugue le passé au présent et le présent au passé

On n’entre pas dans l’univers musical de Myriam Gendron sans enlever ses souliers. On le fait par politesse, mais aussi parce qu’on ne voudrait surtout pas marcher du talon parmi ses chansons douces, imprégnées des complaintes françaises d’antan et des airs du terroir américain, qui bâtissent un pont entre les sonorités passées et le folk actuel.

On se déchausse pour une autre raison : on ne va nulle part en écoutant Mayday, son plus récent disque. On est forcé de s’arrêter. De tout arrêter. Myriam Gendron impose tout naturellement un rythme d’une telle lenteur qu’il empêche de faire quoi que ce soit d’autre que de porter attention à son chant jamais très loin de la prière et à ses musiques apaisantes, même quand la batterie de Jim White ou le saxo de Zoh Amba s’énervent un peu.

L’art de cette artisane du folk née au Québec qui a notamment vécu aux États-Unis est un art d’actualisation au sens le plus noble du terme. Elle se nourrit d’archives folkloriques puisées ici et au sud de la frontière pour recréer des chansons neuves qui sonnent comme celles d’hier.

Ses chansons Quand j’étais jeune et belle ou La belle Françoise, par exemple, auraient tout à fait leur place dans le répertoire d’un groupe comme Le vent du nord. Sauf qu’ici, il n’y a ni violon ni vielle à roue, que des guitares – acoustiques et électriques – que la chanteuse et sa complice Marisa Anderson touchent comme si elles cherchaient à créer des jeux d’ombre et de lumière.

La magie, ici, ne tient pas tant de l’inventivité, mais du curieux sentiment de familiarité qui émane de ces chansons dès la première écoute. Elles sonnent comme si elles avaient toujours été là. Mieux, comme si on les avait toujours connues. On comprend pourquoi les Américains aussi craquent pour ces airs-là, que l’artiste interprétera ce samedi au Lion d’or et plus tard à l’été dans le cadre du Festival international de jazz de Montréal.

Extrait de Terres brûlées
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Mayday

Folk actuel

Mayday

Myriam Gendron

Feeding Tube Records/Thrill Jockey

7,5/10