(Paris) « Je suis un marchand de bonheur. Je chante tous les plaisirs ! » : le chanteur français Francky Vincent s’apprête à fêter un demi-siècle de carrière avec tournée en France, en Afrique, en Amérique latine, une autobiographie, une compilation et des inédits.

« L’idée de la retraite ne m’effleure même pas. Il n’y a pas de retraite dans ce métier. Je puise mon énergie sur scène », confie à l’AFP le « zouker coquin », un des surnoms de ce compositeur-interprète qui s’apprête à fêter ses 68 ans et s’enorgueillit de multiples succès explicitement grivois, de Fruit de la passion à Alice ça glisse.

« Je suis un poète érotique. Je chante les plaisirs de la vie et le sexe en fait partie », déclare l’artiste, fait chevalier des Arts et des Lettres – récompensant ceux qui se sont distingués dans le domaine littéraire ou artistique – il y a un an.

« J’ai ressenti beaucoup d’émotion et de fierté. C’est un pied de nez à ceux me trouvent politiquement incorrect ! », ajoute le chanteur né en Guadeloupe (Antilles françaises) d’une mère bretonne et d’un père antillais. « Les critiques m’ont parfois blessé, mais, comme un homme blessé n’est pas mort, ça a été vite classé ».

« Critiques hypocrites »

« J’ai rêvé très tôt d’avoir du succès. Avec détermination et abnégation, j’y suis arrivé. Je ressens une certaine autosatisfaction qui ne rime pas avec forte prétention », assure Francky Vincent.

« Ceux qui me critiquent sont hypocrites. Tout le monde fait l’amour, non ? Je ne chante pas le sexe gratuitement : je fais pétiller le sexe ! Avec moi, le sexe est beau ! »

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Et d’assurer que le refrain de son titre-phare Fruit de la passion (« Vas-y Francky/C’est bon, bon, bon ! ») est une réaction spontanée d’une partenaire en pleins ébats sexuels.

« La France a toujours été le pays des chansons paillardes. Brassens est-il vulgaire quand il “bande en pensant à Fernande” ? », interroge-t-il.

Après les Antilles, la France et l’Afrique, Francky Vincent, qui revendique 200 chansons déposées à la Sacem et 3,5 millions d’albums vendus, a conquis plusieurs pays d’Amérique latine, comme la Colombie, le Brésil et l’Argentine.

« Je suis un amuseur public anti-stress », résume l’artiste « très fier » de son public majoritairement féminin. « J’adore les femmes et je les respecte. Elles le savent. Mes chansons sont drôles avant tout ».

Le message à son public : « continuez à mordre la vie à pleines dents, à cultiver la joie de vivre et l’humour et gardez une longue vie sexuelle ! »

« Doctor Porno »

Issu d’une famille modeste, Francky Vincent a découvert la musique enfant dans le hall de son immeuble à Pointe-à-Pitre : « des copains jouaient à la guitare et j’accompagnais le rythme en tapant sur les boîtes aux lettres ».

En 1974, à 18 ans, il rejoint un groupe local « en chanteur de charme, le temps des slows ». « Avec mon tempérament pour l’humour et les choses coquines, je m’ennuyais », dit-il. Six ans plus tard, il se lance dans une carrière solo. On le surnomme « Doctor Porno ». Les tubes s’enchaînent.

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En 1987, il s’offre à guichets fermés une première salle parisienne. Auprès de l’AFP déjà, il assume son credo : « la fesse coquine et taquine ». En 1994, il vit comme une consécration une invitation du Printemps de Bourges, un festival de musique dans le centre de la France.

Marié deux fois « et bientôt une troisième », Francky Vincent, père de quatre enfants, se partage désormais entre les Antilles et son château en Picardie, acquis il y a trois ans.

Il y a quelques mois, lui a été reprochée son amitié avec Dieudonné, un humoriste autrefois considéré comme l’un des meilleurs, qui a basculé il y a vingt ans dans la polémique et l’antisémitisme et a été condamné à de nombreuses reprises pour injures raciales ou incitation à la haine.  

« Je ne cautionne pas tout ce qu’il dit. Il le sait. Mais, pour moi, il reste le meilleur humoriste », assure Francky Vincent.