C’est du côté de l’exploration que ce nouvel opus du groupe anglais marque des points, un disque calme en surface, mais d’une grande profondeur musicale.

Rap. Spoken Word. Le débit est lent, souvent. Et précis, tout du long. Joe Talbot, debout derrière son micro, prend le temps de bien détacher ses mots, et les balance avec une précision connue par ceux qui suivent les mosh pits créés par le groupe post-punk de Bristol depuis ses premières vagues sonores – et brutales –, en 2009.

Oui, cela fait un cumul de 15 ans d’indignation pour IDLES. Déjà ! Quinze années et maintenant six albums studio, avec l’arrivée du petit nouveau, titré TANGK – prononcez « Tank », avec un soupçon de « g » en bouche, hommage à la guitare, cet instrument saupoudré avec doigté ici par un Mark Bowen en mode exploration (pensez Sunn O))) ou encore Aphex Twin).

Constat à l’écoute des cris du nouveau bébé : il pleure beaucoup moins que ses grands frères ! Sur l’écoute des 11 pièces, seulement trois pourraient réveiller une maisonnée familiale endormie : Gift Horse, qui aurait pu prendre place sur l’album Crawler (2021), le précédent du groupe, vu sa structure précise et la mise en avant de la vocalise de Talbot ; Hall & Oates, pièce au punk brutal, lo-fi, typé fin des années 1970, qui rappelle l’album Joy as an Act of Resistance (2018) ; et Gratitude, une pièce cadeau, un hommage dansant sur lequel le chanteur clame tout son amour pour son public (d’ailleurs, le mot « love » revient 29 fois sur ce disque… ne nous remerciez pas).

Certes, il y a bien quelques autres grincements de tympans, ici et là – notamment sur Jungle, où piano et guitare dansent en tango – mais, dans l’ensemble, nous voici devant ce qu’on appelle un album « mature ».

La présence de Nigel Godrich et de Kenny Beats – qui était à la tête de l’album Crawler – pour la conception de TANGK permet à Talbot et Cie d’explorer les sonorités, au lieu de les faire exploser. Nous voici devant un album dansant, heureux, retenu, où se déploie un lot de sonorités heureuses – percussions, cordes, instruments à vent – qui ceinturent la voix d’un Talbot – quelquefois doublée, trafiquée, douce et inquiétante, comme sur Pop Pop Pop – qui dénonce, encore et toujours, les maux mondiaux de la trifecta infernale – racisme, misogynie et capitalisme.

Au bout du compte, on sort de cet album en se disant que l’amour, oui, peut triompher de tout. « No god/No king/I said love is the thing. » On est bien d’accord avec lui. Message positif d’un groupe au sommet de son art.

Extrait de Pop pop pop
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TANGK

Post-punk

TANGK

IDLES

Partisan Records

8/10