Le quintette britannique qui a fait tourner les têtes l’an dernier assume ses brûlantes ambitions sur son premier album.

Cela faisait longtemps qu’un groupe rock avait connu une entrée en scène aussi tonitruante. Formé il y a à peine trois ans, The Last Dinner Party a entamé l’année 2024 en se hissant au sommet de la liste Sound of… de la BBC, qui braque les projecteurs sur les artistes les plus prometteurs de l’année selon les critiques et professionnels de l’industrie.

De fait, le sacre du quintette britannique était écrit dans le ciel depuis la mise en ligne, en avril dernier, de son clip Nothing Matters, qui révélait un groupe en plein contrôle de sa musique rock baroque et de son esthétique visuelle évoquant les « vierges suicidées » de Sofia Coppola. Le « falsetto » vertigineux de la chanteuse principale Abigail Morris s’y imposait d’entrée de jeu sur fond d’orgue et de notes de harpe, avant de laisser la place à un mémorable refrain, entonné à l’unisson, où l’utilisation du verbe qui commence par f venait signaler que ses membres n’étaient pas là pour servir le thé.

« Prélude à l’extase » ? Les quatre extraits suivants n’ont fait que confirmer la réalisation prochaine de cette prophétie. The Last Dinner Party y imposait une signature forte tout en revendiquant son appartenance à l’histoire du rock : sur Sinner, Abigail Morris exprimait le regret d’une innocence perdue sur un staccato de piano interrompu par des guitares bien tranchantes typiques de la britpop. La tempétueuse Caesar on a TV Screen, où la chanteuse claironnait ses velléités de conquête (stéréo)typiquement masculines, aurait pu être l’émanation de Roxy Music, tandis que My Lady of Mercy explosait en un riff lourd que n’aurait pas renié Jimmy Page.

Quand on a déjà usé à la corde la moitié d’un album, la suite semble forcément moins révélatoire, mais Prelude to Ecstasy s’avère porté de bout en bout par une brûlante ambition. Burn Me Alive cimente l’identité post-punk du groupe, tandis que The Feminine Urge donne l’impression à l’auditeur de découvrir une maquette perdue des Go-Go’s. La ballade Beautiful Boy poursuit quant à elle la déconstruction des stéréotypes de genre en affirmant de manière provocatrice que « le mieux qu’un garçon puisse faire est d’être joli ».

Le plus réjouissant dans tout ça est que The Last Dinner Party semble se présenter sur un jour encore plus ardent en concert – de petites fêtes où le public est encouragé à respecter un code vestimentaire (comme les mythes et légendes grecques, le « langage des fleurs » ou Velvet Goldmine). À valider le 29 mars, au MTelus, où le concert a été déplacé dès la mise en vente des billets pour suffire à la demande.

Extrait de Sinner

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Prelude to Ecstasy

Rock

Prelude to Ecstasy

The Last Dinner Party

Island

8/10