L’amateur de musique classique montréalais ne manquera pas de choix cette année. La Presse vous offre un tour d’horizon de ce qu’on ne voudra pas manquer d’ici l’arrivée des beaux jours de l’été.

Un géant du piano à Pro Musica

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Le pianiste Fazil Say

Pro Musica a fait un grand coup en ouvrant sa saison (dorénavant uniquement hivernale) par un récital de l’immense pianiste turc Fazil Say. Les mélomanes qui iront l’entendre à la salle Pierre-Mercure le dimanche 21 janvier (15 h) auront la chance d’entendre cette véritable force de la nature dans la Sonate n23, « Appassionata », de Beethoven, le Liebestod de Wagner (transcrit par Liszt), une sélection de Préludes de Debussy, mais aussi une de ses propres œuvres – Say est un compositeur chevronné. À noter que ce dernier se produira également dans le Concerto en sol de Ravel les 10 et 11 avril avec l’Orchestre symphonique de Québec.

Intrigues suédoises à l’Opéra de Montréal

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La soprano canadienne d’origine libanaise Joyce El-Khoury

Annoncée en 2015, la version opératique de la pièce Christine, la reine-garçon (2012) de Michel Marc Bouchard sera finalement créée cet hiver à l’Opéra de Montréal (du 3 au 11 février) sur une musique de Julien Bilodeau, qui avait collaboré avec le dramaturge pour La beauté du monde (2022). C’est la soprano Joyce El-Khoury, la Madama Butterfly de mai dernier, qui incarnera le célèbre « roi de Suède » (comme se faisait désigner l’androgyne souveraine). Le baryton Étienne Dupuis sera quant à lui son cousin – et successeur – Karl Gustav. La metteuse en scène Angela Konrad sera aux commandes, en compagnie de Jean-Marie Zeitouni et de l’Orchestre symphonique de Montréal.

Le nouveau « Million Dollar Trio » à Montréal

PHOTO JOSEP MOLINA, FOURNIE PAR LES ARTISTES

Isabelle Faust, au centre, accompagnée du violoncelliste Jean-Guihen Queyras et du pianiste Alexander Melnikov

Il arrive que d’immenses solistes se réunissent en trio de manière plus ou moins durable. On pense au légendaire « Million Dollar Trio » formé, dans les années 1950, par Jascha Heifetz, Arthur Rubinstein et Gregor Piatigorsky. On n’en est pas loin avec la violoniste Isabelle Faust, le pianiste Alexander Melnikov et le violoncelliste Jean-Guihen Queyras, trois champions de leurs instruments respectifs qui nous ont valu quelques-uns des disques de musique de chambre les plus exaltants des dernières années. Ils seront à la salle Bourgie le 12 février (après avoir joué la veille au Club musical de Québec) dans le Trio no 2 de Schumann, les Épigrammes de Carter et le Trio no 1 de Brahms.

Deux requiems français chez les Violons du Roy

PHOTO ANTOINE SAITO, FOURNIE PAR LES VIOLONS DU ROY

Bernard Labadie à la tête de l’orchestre et du chœur lors du Requiem de Mozart en avril 2022 à la Maison Symphonique.

On connaît surtout Bernard Labadie dans la musique du XVIIIsiècle. D’où l’intérêt d’aller l’entendre diriger la Chapelle de Québec et les Violons du Roy dans un répertoire loin de ses sentiers habituels, les requiems de Fauré et Duruflé, deux chefs-d’œuvre du répertoire choral français moderne composés respectivement en 1887-1888 (pour l’essentiel) et en 1947. Ce report de pandémie (le concert devait avoir lieu fin mars 2020) permettra d’entendre la fine fleur du chant québécois, la soprano Magali Simard-Galdès, la mezzo-soprano Julie Boulianne et le baryton Jean-François Lapointe, avec le concours de l’organiste Thomas Annand. Un rendez-vous incontournable à la Maison symphonique le dimanche 18 février (14 h).

Grande visite parisienne à la Maison symphonique

PHOTO TIRÉE DU SITE DE L’ARTISTE

Le chef d’orchestre Klaus Mäkelä

Klaus Mäkelä est un véritable phénomène. À seulement 27 ans, le Finlandais est à la tête de l’Orchestre philharmonique d’Oslo ET de l’Orchestre de Paris ! Il ajoutait plus récemment l’Orchestre royal du Concertgebouw à son tableau de chasse. C’est à l’invitation de l’OSM qu’il visitera la Maison symphonique le 19 mars avec son ensemble parisien. On pourra l’entendre dans deux chefs-d’œuvre absolus du tournant du XXsiècle symphonique, le Prélude à l’après-midi d’un faune de Debussy et L’Oiseau de feu de Stravinsky, en plus du Concerto pour piano n2 de Rachmaninov, qui permettra d’entendre à Montréal le Coréen Yunchan Lim, dont la victoire récente au Concours Van-Cliburn à seulement 18 ans a secoué le monde musical.

D’une passion à l’autre à l’OSM

PHOTO ERICK LABBÉ, ARCHIVES LE SOLEIL

Le chef d’orchestre Masaaki Suzuki

L’OSM a l’excellente habitude d’inviter, chaque printemps, un chef issu du monde de la musique ancienne. Après la Passion selon saint Matthieu de Bach il y a deux ans avec Paul McCreesh et La Création de Haydn l’an passé avec Bernard Labadie, ce sera au tour du Japonais Masaaki Suzuki, les 27 et 28 mars, de venir faire un tour à la Maison symphonique dans la Passion selon saint Jean de Bach. Un des plus grands spécialistes de la musique du Cantor (il a enregistré toutes ses cantates et réalise une intégrale de ses œuvres pour orgue), Suzuki sera entouré du Chœur de l’OSM et de cinq solistes, dont le ténor réputé Werner Güra.

Le « Philadelphia Sound » et Nézet-Séguin dans une salle près de chez vous

PHOTO CHRIS LEE, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Le chef Yannick Nézet-Séguin sera à Montréal avec l’Orchestre de Philadelphie le 19 avril.

On ne peut pas dire qu’on entend rarement Yannick Nézet-Séguin à Montréal. Ce qui est moins commun, c’est de l’entendre avec un autre ensemble que l’Orchestre Métropolitain. Cela sera chose faite le 19 avril avec l’Orchestre de Philadelphie, dont il est directeur musical depuis 2012. Ils se mesureront à la Symphonie no 3 de Rachmaninov, que le compositeur russe a écrite spécifiquement pour la formation, dont la sonorité (de cordes en particulier) était déjà réputée lors de la création en 1936. Les Montréalais pourront également entendre la Symphonie no 4 de la compositrice afro-américaine Florence Price, dont Nézet-Séguin et l’orchestre états-unien se sont faits les ardents défenseurs avec deux enregistrements fort remarqués chez Deutsche Grammophon.

Tragique fin de saison au Métropolitain

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Le regretté compositeur José Evangelista

Avec deux ou trois symphonies de Mahler par saison ces années-ci, l’OSM et Rafael Payare se sont fait une spécialité de la musique du compositeur autrichien. Manque toutefois à ce récent palmarès la fatidique Symphonie no 6 en la mineur, que l’Orchestre Métropolitain et Yannick Nézet-Séguin présenteront le 16 juin pour clore la saison. C’est dans le finale de cette œuvre que se font entendre les célèbres coups de marteau, symbole du « tragique » (c’est le surnom de la partition) qui frappa plusieurs fois Mahler au cours de sa vie. L’OM soulignera également en début de concert la disparition de José Evangelista avec son œuvre Alap & Gat.