L’auteur-compositeur souffle le chaud et le froid sur deux albums aux sonorités complémentaires

Le calme précède-t-il la tempête chez Jimmy Hunt en ce vendredi marqué d’une double sortie pour l’auteur-compositeur de la Gaspésie ? Nous invite-t-il d’abord à écouter Royaume, un six-pièces aux sonorités synthétiques aériennes typées des années 1980, ou à dévorer l’agité Gros-Bec, un huit-morceaux où l’acide est au nombre des ingrédients utilisés pour faire lever ce gâteau très dense ? Difficile de répondre à ces questions, alors que le principal intéressé laisse entendre que les deux albums se devaient de naître le même jour, tels deux jumeaux non identiques.

Débutons donc avec Royaume, cette aventure contemplative de six pièces. Hunt chasse les éléments rock et dépouille les enveloppes folk et pop que l’on espère depuis son grand Maladie d’amour (2013). Ainsi lissée et dénudée, l’ossature de cette trame sonore est composée d’éléments électros vaporeux tirés d’une boîte à rythmes 808, de synthétiseurs à la note languissante et d’une réverbération bien exploitée, principalement en fin d’offrande, sur les pièces Poète et L’éternité.

Certes, l’originalité n’est pas au rendez-vous – on pense au travail de Michel Cusson sur Omerta et de Vangelis sur Blade Runner 1984 –, mais l’expérience sensorielle proposée par Jimmy Hunt sur Royaume s’avère apaisante.

Après ce massage des tympans d’un peu moins d’une demi-heure, nous prenons la route rocailleuse de Gros-bec, le deuxième joujou de Hunt sorti ce vendredi. La première est brutale. Ce qu’on y entend est extirpé de séances d’enregistrement – avec son nouveau compagnon, l’instrumentaliste Pierre-Guy Blanchardlaissées d’abord en plan, où l’alcool et les produits chimiques illicites s’étaient invités dans le cortex des deux musiciens. L’aspect rustique de l’offre rebutera ceux qui ne feront pas l’effort de l’addition des écoutes de ce disque, par manque de temps ou par manque d’intérêt. Car oui, il faut avoir ces deux éléments à sa disposition pour apprécier ces huit compositions.

Malgré tout notre bon vouloir, on reste sur son appétit, se disant qu’il y a peu à se mettre sous la dent dans ce Gros-bec, outre l’hypnotisante Tout nu dans la baie et la finale tout en rock convenu et accessible, la pièce Merci pour ton livre.

Après les écoutes de ce mixte planant-dissonant, et un peu comme le soleil arrive toujours après une tempête, on souhaite maintenant que Jimmy Hunt retourne dans des sonorités plus pop et colorées, où on l’espère, quand il n’est pas au micro de son groupe Chocolat.

Extrait de Tout nu dans la baie

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Royaume

Alternatif – ambiance

Royaume

Jimmy Hunt

Bravo Musique

6/10

Gros-Bec

Alternatif

Gros-Bec

Jimmy Hunt

Bravo Musique

6/10