Wilco s’offre les services de la réalisatrice Cate Le Bon pour son 13album studio, où les amours déchus et la politique sont les sujets traités alors que les sonorités entendues plairont aux amateurs du groupe.

« C’est bon d’être vivant. Une surprise infinie, une surprise infinie, une surprise infinie… », répète en boucle Jeff Tweedy, alors que les instruments rock chauffent la pièce, les accords des guitares électriques, de la batterie, de la basse et des synthés se heurtent, se frappent, s’animent, avant de finalement entendre… l’explosion de grains de pop-corn ! Nul doute, Wilco est de retour sur le chemin du rock expérimental.

Après l’album double Cruel Country sorti l’an dernier – et quoi que bien digeste – qui dirigeait le groupe vers ce genre musical, on accueille ce « retour vers le futur » avec bonheur pour le groupe de Chicago. Avec Cousin, Wilco flirte avec sa période Yankees Hotel Foxtrot (2002), A Ghost Is Born (2004) et Sky Bly Sky (2007) – ses trois meilleurs albums, à notre humble avis. Non, ce n’est pas de même calibre, soyons francs, mais les dix nouveaux titres balancent des airs que les fans de cette période reconnaîtront. Infinite Surprise, Ten Dead, Levee : les crescendos s’élèvent, la distorsion n’est jamais loin, mais reste contrôlée, retenue. Les instruments de tous genres s’additionnent… la formule Wilco bat son plein. Gros merci à Jim O’Rourke qui est venu donner un coup de main aux gars dans le studio – le magnifique The Loft – pour compléter ce nouvel opus.

Des pièces plus linéaires traversent le centre de l’œuvre (Sunlight Ends, A Bowl and A Pudding, Pittsburgh) et semblent, à la première écoute, simplistes. Mais il suffit de quelques écoutes pour apprécier la minutie de l’assemblage et du mixage réalisés par Tom Schick. Aucune explosion ni aucun crescendo ici. Ligne de basse, œuf musical (oui, oui !), synthétiseur, percussions et, surtout, les accords de la Fender Jazzmaster 1959 de Nels Cline, en grande forme, constituent l’essentiel entendu. Que du doux et de l’addition de couches sonores.

Puis cette voix de Tweedy qui atteint la cible. « Not saying anything/Says enough/I know what you’re thinking/When you walk away » est un direct au cœur pour tous ceux qui ont vécu une récente peine d’amour.

Jeff Tweedy est un poète de l’amour déchu, c’est connu, mais le voici aussi engagé sur le chemin politico-social. La politique américaine prend une grande place sur Cousin. L’auteur-compositeur parle sans détour de cette fissure – ce gouffre – qui sépare les rouges et les bleus dans son pays (sur la pièce-titre), de toute cette haine observée dans les rues (Sunlight Ends), des fusillades de masse (Ten Dead). Non, ce n’est pas un album jojo… Mais heureusement, la conception musicale de ce Cousin est salutaire et lumineuse !

La présence de Cate Le Bon à la réalisation – un premier contrat à l’externe offert par le groupe depuis Yankees Hotel Foxtrot – permet l’inclusion d’instruments rarement entendus dans l’univers wilconien : saxophone, guitares japonaises, boîte à rythmes cinématique de type New Wave. On apprécie ce vent de fraîcheur qui actualise l’offre et évite au groupe d’offrir une simple copie de ce qu’il fait déjà de bon. Cela ajoute le mot « très » devant le mot « bon » pour définir simplement ce Cousin.

Extrait d’Infinite Surprise

0:00
 
0:00
 
Cousin

Alt-rock expérimental

Cousin

Wilco

dBpm Records

8/10