Après avoir été DJ et producteur de musique électronique, Robert Robert a lancé il y a deux ans un excellent premier album de chansons en français, Silicone Villeray. Il remet ça cette année avec Bienvenue au pays, album transparent et vulnérable qui oscille entre la pop électro dansante dont il a le secret et des ambiances plus planantes.

C’est clair, Arthur Gaumont-Marchand a la passion de l’écriture. « Je ne sais pas si j’ai du talent, je l’espère, mais en tout cas, c’est ma passion. Je n’ai pas encore eu ma dose. » Pour l’auteur-compositeur-interprète de 27 ans, c’est une corde de plus à son arc, qui lui donne encore plus d’outils pour s’exprimer.

La panoplie de ce que tu peux faire ressentir à quelqu’un, je trouve ça fou. En français en plus. Tu te rends compte à quel point ta langue maternelle vient te chercher dans des endroits que tu ne savais même pas qu’ils existaient. Quand tu chantes dans ta langue, c’est le truc le plus toi que tu peux faire.

Robert Robert

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Robert Robert

Robert Robert a justement été plus lui que jamais dans cet album où il n’a pu faire autrement que de se délester de plusieurs couches, nous raconte-t-il lors d’une entrevue franche et sincère.

« Tu peux raconter une anecdote, si tu es transparent, tout le monde peut se reconnaître dedans. Parce que cette vulnérabilité, elle permet de sentir que cette histoire et vraie. C’est comme désarmer la personne qui écoute pour lui faire vivre quelque chose et peut-être se sentir mieux. »

Extrait de M’enfer, de Robert Robert

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Explorations intérieures

Robert Robert explique qu’après des années de thérapie – qu’il poursuit –, il a mis le doigt sur les « défis » qu’il vivait. Et c’est beaucoup ce qui a guidé l’écriture des chansons, « de la façon la plus crue et la moins filtrée possible ».

Ses explorations intérieures lui ont appris par exemple qu’il pouvait se débarrasser de sa relation avec le cynisme et la compétitivité. Surtout, il a compris que l’anxiété qui le gruge peut être une force, et que si elle module sa perception du monde, ce n’est pas que négatif.

« Je ne pourrais pas faire la musique que je fais si je n’étais pas comme ça. Ça m’appartient et j’en fais ce que je veux. Ça m’a pris trois ans de thérapie pour le découvrir. Mais si quelqu’un m’avait parlé de ce que je vis de cette façon, j’aurais peut-être compris plus vite. »

Extrait du clip de Bienvenue au pays, de Robert Robert

Bienvenue au pays est donc le regard sur le monde d’un anxieux qui s’assume. « On grandit malgré nous, je veux bien essayer d’être vieux », chante-t-il dans la chanson-titre, qui résume l’essentiel de l’album et qui est étonnamment folk et douce, compte tenu du penchant de Robert Robert pour le groove et la danse.

« J’espère que les gens ne vont pas être déçus », dit-il, expliquant que l’album fait une courbe « entre des tounes aucunement dansantes et des tounes très dansantes ».

Extrait de De temps en temps, de Robert Robert

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« Autant j’ai été très transparent dans les paroles, autant dans la production j’essaie d’être plus audacieux pour appuyer au maximum l’histoire que je raconte. Ça donne un résultat hétéroclite au premier abord, mais ça a du sens avec ce que l’album a à dire. »

Robert Robert s’est entouré de musiciens amis pour créer Bienvenue au pays, comme Hubert Lenoir et Vincent Roberge (Les Louanges), des artistes qui l’encouragent depuis ses débuts, et aussi entre autres Fernie, Étienne Côté (Lumière), Félix Petit, Jeanne Gagné (MoKa), et Benoit Parent à la coréalisation. « Il est partie intégrante de ce projet. Il a regardé aussi tous les textes. C’est le fun de se faire mettre au défi. De s’assurer de dire ce que tu veux dire, et non pas ce que tu penses que tu as dit. »

Facettes

En plus d’écrire des chansons, Robert Robert continue d’explorer d’autres facettes de son métier. Il a composé par exemple la musique de l’excellente série L’air d’aller diffusée à Télé-Québec, une première expérience concluante et stimulante, raconte-t-il.

« Tu explores de nouvelles parties de toi en tant que musicien. Mon plus grand but est de faire le plus de musique possible, quand je ne suis pas avec ma famille et mes amis. Alors quand on me dit qu’on a besoin de 40 chansons, c’est du bonbon ! »

Bande-annonce de L’air d’aller

Depuis deux ans, Robert Robert apprivoise aussi tranquillement la scène, et il a bien hâte à son spectacle extérieur du 14 juin aux Francos. « Je n’aime pas les cinq minutes avant de monter sur scène, mais une fois que tu rentres plus dans l’émotion de la chanson, et que tu te concentres sur vivre ça, c’est tellement un défi de vulnérabilité. »

Il va donc peaufiner encore sa pratique de performeur, parce que la scène reste un art à part qui « continue de faire vivre les chansons autrement ». Et il espère que son album aura une belle et longue vie, que les gens ressentiront « quelque chose de nice » en l’écoutant.

« J’ai mis beaucoup d’amour dans ça, je me suis beaucoup confronté. » D’ailleurs, il aime bien que son titre, Bienvenue au pays, résonne de plein de façons.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Arthur Gaumont-Marchand, alias Robert Robert, lance son deuxième album, Bienvenue au pays.

Le mot “pays” n’est pas chargé juste dans un contexte politique. C’est aussi émotionnel, social, communautaire. Ça vient chercher un désir d’émancipation et de liberté.

Robert Robert

C’est ce dont il traite, la liberté ?

« Oui. Je m’émancipe de mes sentiments négatifs en écrivant des chansons. Souvent quand j’écris, je me donne des petits conseils. Je ressens beaucoup de liberté à faire de la musique. Rien ne remonte plus mon humeur que de faire une toune. »

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