Après le succès inattendu de son premier album Cantalou en 2021, Thierry Larose lancera vendredi Sprint !, dans lequel il confirme son don pour les mots, les riffs et la pop trépidante et libre. Stressant de revenir quand on a fait une aussi bonne première impression ?

« Un peu, mais pas vraiment. On dirait que j’étais plus stressé quand le premier a commencé à marcher. J’étais comme : oh, peut-être qu’il va y avoir des attentes finalement ! Mais là, ça va. »

Il y a de la bossa-nova qui joue chez Thierry Larose lorsqu’il nous accueille dans son appartement montréalais. Le musicien aime ratisser large, on le sent dans cet album qui cumule les influences – du rock à la chanson en passant par la samba –, s’ouvre avec une chanson-fleuve de sept minutes, inclut deux versions d’une même chanson et est égayé par de joyeux chœurs et des claviers de toutes sortes.

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Les influences de Thierry Larose sont multiples.

« Je n’aime pas les albums concepts. Ceux que je préfère, comme le White Album, sont chaotiques. J’ai ça en moi un peu. » L’auteur-compositeur-interprète de 25 ans n’aime pas beaucoup les carcans, « accorde peu d’importance au genre musical en général » et préfère suivre l’inspiration du moment.

La toune arrive écrite avec minutie et précision, mais en studio on vire fou ! Le contraste entre les arrangements spontanés, limite croches, et la toune préparée au quart de tour, je trouve ça l’fun.

Thierry Larose

Et les fils qui dépassent, c’est justement ce qui donne vie à la musique. « Il y a beaucoup de musique aujourd’hui qui est placée à la miniseconde près. Je ne veux pas nécessairement faire ça. Souvent, nos meilleures takes, c’étaient les premières, quand on était le plus lousses. »

Résultat : un album qui respire le plaisir et la légèreté, créé avec Alexandre Martel à la réalisation et les musiciens Sam Beaulé, Lou-Adriane Cassidy et Charles-Antoine Olivier. « La chimie s’entend. J’aime beaucoup mon groupe, c’est comme jouer avec quatre artistes. »

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L’album a été enregistré dans plusieurs studios, au gré des horaires de tournée de chacun, souvent avec les instruments qui se trouvaient sur place. « On regardait sur une carte et on convergeait là ! » Il ne s’intitule pas Sprint ! pour rien, et on sent cette urgence dans cet album qu’on pourrait qualifier de « fougueux ».

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« Cool, j’aime ça, la musique fougueuse ! », répond celui qui s’abreuve tant aux Beatles et à Burt Bacharach pour leurs forces de mélodistes qu’à Sylvain Lelièvre et à Beau Dommage pour leur concision et leur talent narratif. « Je préfère Beau Dommage à Harmonium, j’ai choisi mon camp ! C’est très queb, ça, se faire raconter des histoires dans des chansons. Il y en a beaucoup sur cet album. Avant, j’avais moins cette idée de début, milieu et fin. »

Progression

Lorsque Thierry Larose a fait ses premiers pas aux Francouvertes en 2019, il n’avait qu’une très courte expérience de scène derrière lui. Quatre ans plus tard, « c’est le jour et la nuit », dit-il lui-même. Sa progression a en effet été fulgurante, avec entre autres la sortie d’un premier album remarqué, accompagner Lou-Adriane Cassidy en tournée comme guitariste, remporter le prix Félix-Leclerc, remplir à lui tout seul le Club Soda, et bientôt aller donner des spectacles en France.

Tout un parcours, qui lui a permis d’apprendre à très grande vitesse ce métier qui répond à toutes ses attentes… et même au-delà.

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Thierry Larose fait une musique pop accrocheuse.

« Au début c’est comme un rêve, mais je commence à comprendre pourquoi mes amis qui font ça depuis longtemps appellent ça une job. Je ne me rends pas compte tellement c’est l’fun, mais j’ai travaillé fort pour être là où je suis. Et ça m’a amené à des places où je n’aurais jamais pensé aller. »

Jusqu’aux Francos l’été dernier par exemple, dans un spectacle mémorable avec Lou-Adriane Cassidy, Ariane Roy… et Gilles Valiquette au rappel !

On ne prévoit jamais ça. C’est fou, je faisais de la musique dans ma chambre. Et après ça a déboulé…

Thierry Larose

Il en est convaincu, toute cette expérience fait de lui un meilleur chanteur, auteur, guitariste, interprète. « Je chante mieux parce que j’y prends plaisir. Avant, l’interprétation, je trouvais que ce n’était pas important. C’était juste la composition qui comptait, je ne comprenais pas que ce qui est magique, c’est ce qui vient après ! J’ai eu une épiphanie, faut croire. »

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À travers 10 pièces sensibles et fulgurantes, Sprint ! est un album pop aux mélodies accrocheuses qui saisit l’air du temps et parle d’« avoir 25 ans aujourd’hui à Montréal », mais dans lequel le chanteur se dévoile aussi « un tant soit peu ».

« Je me suis moins caché, je voulais être un peu plus direct », explique l’auteur-compositeur, qui espère que les gens s’approprieront ce nouvel album comme ils l’ont fait avec Cantalou. Mais se projeter, disons, dans quatre ans ? Impossible.

« Je n’ai pas cette capacité, ça court-circuite dans mon cerveau chaque fois. Je n’ai pas de bucket list : j’aime juste la musique, je n’ai pas de hobby, je fais rien d’autre. Mais j’aime où je suis rendu. Je trouve que c’est un bon disque. J’espère. »

Sprint !

Indie pop

Sprint !

Thierry Larose

Bravo Musique