(Paris) Il a fait chanter Aretha Franklin, Dusty Springfield et les Beatles : l’Américain Burt Bacharach, mort à 94 ans mercredi, a créé des dizaines de mélodies devenues des classiques, notamment pour son interprète fétiche Dionne Warwick.

Bacharach est mort « paisiblement, chez lui, avec sa famille à ses côtés », a confirmé son agente Tina Brausman à l’AFP jeudi, précisant que son décès était dû à des causes naturelles.

Noel Gallagher, l’ancien guitariste-compositeur d’Oasis, a rendu hommage au « maestro ». « C’était un plaisir de t’avoir connu », a-t-il écrit sur Instagram.

What the World Needs Now is Love, The Look of Love, Don’t Go Breaking my Heart, A House is not a Home… à la frontière entre jazz et pop, ses ballades romantiques et mélancoliques ont atteint les sommets des palmarès des deux côtés de l’Atlantique.

La liste de ses interprètes – plus de 1000 – est tout aussi impressionnante : on y trouve Tom Jones, Elvis Costello, les White Stripes, etc.

Stan Getz a enregistré un album entier de ses compositions (What the World Needs Now : Stan Getz Plays the Burt Bacharach Songbook), tandis que des artistes aussi divers que Brian Wilson des Beach Boys et Noel Gallagher d’Oasis ont clamé leur admiration pour son œuvre.

Billy Corgan, des Smashing Pumpkins, a salué un « titan de la chanson belle et naturelle », tandis que Paul Stanley, du groupe Kiss, évoquait « le trésor, composé de chansons extraordinaires, qu’il nous laisse ».

En apparence simples – « je n’ai qu’une règle : ne pas rendre les choses difficiles pour l’auditeur », disait-il –, ses compositions sont en fait truffées de mesures asymétriques et de progressions d’accords complexes.

Des ruptures de rythme qui accrochent subtilement l’oreille de l’auditeur, mais constituent autant de défis pour les interprètes de ce maître exigeant.

La chanteuse Cilla Black a ainsi raconté avoir dû enregistrer 32 prises d’Alfie dans les studios londoniens d’Abbey Road avant de parvenir à le contenter.

Engagé par Marlène Dietrich

Pianiste passionné de jazz, né le 12 mai 1928 à Kansas City, Burt Bacharach étudie l’art de la composition dans plusieurs universités américaines.

Un de ses professeurs, le Français Darius Milhaud, lui donne un conseil qui le marque à vie : « ne jamais avoir peur d’être mélodieux ».

Après son service militaire, il est engagé par Marlène Dietrich comme arrangeur et directeur musical pour ses tournées.

En 1957, il rencontre le parolier Hal David (mort en 2012), avec qui il va former un des tandems les plus fructueux de l’industrie musicale.

Quatre ans après le début de leur partenariat, ils découvrent au cours d’une session d’enregistrement une jeune choriste qui va devenir leur « porte-drapeau » : Dionne Warwick.

PHOTO FREDERICK M. BROWN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Burt Bacharach et Dionne Warwick, en 2006

Entre 1962 et 1968, ils classeront ensemble 15 titres dans le top 40 américain, dont Walk on by, Anyone Who Had a Heart ou Do you Know the Way to San José ?

Le duo d’auteurs est également plébiscité par Hollywood. En 1970, ils glanent deux Oscars pour la musique du film Butch Cassidy et le Kid et sa chanson originale Raindrops Keep Fallin’ on my Head.

ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Burt Bacharach recevant un Oscar pour la musique de Butch Cassidy et le Kid en 1970

Burt Bacharach en remporte un autre en 1982 avec Arthur’s Theme (Best That You Can Do), la chanson originale du film Arthur. Mais il monte cette fois sur la scène des Academy Awards sans son acolyte.

Quatre mariages

En 1973, un conflit financier a éclaté entre les deux hommes. Pendant dix ans, ils ne se parlent que par avocats interposés et ne travailleront plus jamais ensemble.

La fin du partenariat avec Hal David est synonyme de traversée du désert pour Burt Bacharach, qui ne renoue avec le succès que dans les années 1980.

Surnommé « le playboy du monde occidental » dans les années 1960, le musicien à l’allure athlétique et au large sourire s’est marié à quatre reprises, avec Paula Stewart (1953-1958), Angie Dickinson (1965-1980), Carole Bayer Sager (1982-1991) et Jane Hansen (en 1993).

« J’étais amoureux de ma musique. Et la passion pour la rendre parfaite est telle que ça rend fou », a-t-il dit pour expliquer sa vie sentimentale tumultueuse.

La vie de Burt Bacharach a également été marquée par un drame, le suicide en 2007 à 40 ans de sa fille autiste Nikki, née de son union avec l’actrice Angie Dickinson. Burt Bacharach a eu trois autres enfants.