Critique de Tentacle Électron libre

YellowStraps, c’est désormais le véhicule créatif d’Yvan Murenzi seul, depuis le départ de son jeune frère Alban. Il en résulte une œuvre mature, plus introspective, plus dense, plus sombre aussi, qui brouille les repères musicaux en s’éloignant doucement de la nébuleuse rap.

Tentacle oscille donc entre soul, électro, R&B, trip-hop et jazz, les passages hip-hop étant souvent assurés par quelques-uns des rappeurs les plus en vue de la bouillonnante scène belge. Romeo Elvis, frère d’Angèle et prince du rap belge contemporain, ajoute sa voix à celle de Swing, membre en vue du groupe L’Or du Commun, sur l’excellent premier extrait Merci, pièce composée par Alban Murenzi tel un ultime cri du cœur avant de passer le flambeau à son frère.

La rappeuse flamande Blu Samu s’illustre sur la superbe Writer’s Block, mais en choisissant plutôt de mettre en valeur la chaleur de sa voix dans la pièce la plus soul de l’album. Sam Wise, acteur majeur de la résurgence du rap alternatif britannique, rappe quant à lui sur Flowin, ses rimes se conjuguant parfaitement aux arpèges clairs de la guitare ainsi qu’à la basse funky et chaloupée de Victor Devoort.

L’instrumentation et les arrangements privilégiés par Murenzi sont justement finement choisis et dosés – on remarque notamment la contribution du pianiste français Sofiane Pamart sur Blue, l’une des deux pièces chantées dans la langue de Molière. Il n’est donc pas étonnant d’apprendre que le jeune musicien a passé des jours à travailler sur certaines sonorités, de manière à marquer son territoire et à « redéfinir les contours de YellowStraps », selon ses propres dires. Le résultat est à la fois probant et prometteur.