Jonathan Roy lance vendredi soir au MTelus son sixième album, Life Distorsions, et sa tournée la plus ambitieuse à ce jour, qui le mènera jusqu’en Europe. Nous l’avons rencontré en répétition en compagnie de Marcella Grimaux, qui signe le visuel de son spectacle.

« I want it to be real », chante-t-il sur la scène du MTelus avec sa voix fervente.

Assise dans la salle presque vide, on reconnaît l’ombre de ses cheveux en chignon en haut de sa tête et ses bras musclés de grimpeur. On devine que Jonathan Roy est pieds nus, fidèle à son habitude.

Pour l’artiste, c’est un luxe de pouvoir répéter au MTelus trois jours avant le spectacle qui lancera son sixième album, Life Distorsions. « Tout le monde se sent bien ? », lance Jonathan Roy avant d’enchaîner son spectacle depuis le début. Une phrase bien à son image de gars « groundé », porté vers les autres, dont la quête en est une de bien-être.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Jonathan Roy

Pardonnez-nous de dévoiler ce détail, mais c’est devant un puissant visuel de planète qu’il lance son spectacle avec Ayahuasca (Lay MDown), chanson qui flirte avec l’électro, mais qui fait surtout référence à une expérience psychédélique qui a changé sa vie, soit une cérémonie d’ayahuasca qui a eu lieu au Mexique.

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« Je l’ai dit en entrevue, mais la cérémonie a vraiment tout changé […] Il manquait d’amour dans ma vie. Je ne m’acceptais pas assez […] Love is the answer… and it really is », ajoute-t-il en anglais.

À l’émission Tout le monde en parle, Jonathan Roy semblait peut-être un peu illuminé de parler ainsi de sa grande révélation sous l’influence d’une boisson hallucinogène. Mais en personne, il parle plutôt avec l’enthousiasme des gens qui reviennent d’un festival comme Burning Man.

« C’est épeurant de se questionner, lance-t-il. Je ne dis pas que l’ayahuasca est bon pour tout le monde, mais pour moi, cela a fait tomber des murs et des frontières. J’ai un ego très fort. L’ego, c’est une bonne et une mauvaise chose […] Il y a le paraître et la réalité d’être avec les gens qu’on aime et de faire ce qu’on aime faire », détaille-t-il.

Son propre patron

La carrière musicale de Jonathan Roy a eu plusieurs chapitres depuis qu’il a quitté le hockey après une agression qui a fait les bulletins télévisés.

Life Distorsions est son sixième album, et le deuxième que l’ancien protégé de Corey Hart produit lui-même après les désillusions de son contrat avec la major Warner. À la suite d’une série de déceptions, Jonathan Roy a songé à tout abandonner et a finalement décidé de voyager pour mieux se retrouver.

Le succès de son album My Lullaby, paru en 2021, lui a donné raison d’être son propre patron. « Tu as le contrôle de ton art, tu décides quel single va sortir à la radio, quelles vidéos tu veux faire… La liberté, n’est-ce pas ce qu’on veut tous ? », ajoute-t-il en anglais.

En décembre dernier, l’auteur-compositeur-interprète a assuré la première partie d’Earth, Wind & Fire à Hawaii ; ce qu’il avait fait en 2019 pour Lionel Richie. Il en a profité pour réaliser deux clips, dont un avec Kim Richardson pour une reprise de Cold de Chris Stapleton.

C’est aussi avec la grande chanteuse et choriste que Jonathan Roy a interprété de façon vibrante sa chanson Keeping MAlive dans une vidéo vue près de 100 millions de fois sur YouTube (ce qui lui a par ailleurs ouvert des portes en Europe). « Je ne pourrais pas être plus fier et honoré que Kim ait accepté de se joindre à moi. Je ne pense pas que la chanson ni même ma carrière en seraient là sans elle. Depuis ce jour, tout a changé pour moi ! »

Il faut voir ces deux prestations vocales pour constater à quel point Jonathan Roy peut avoir une voix de soulman.

C’est vers ses 18 ans qu’il a découvert les voix riches des Joe Cocker, Jonny Lang, John Mayer et BB King. En tentant de chanter comme eux, il s’est développé comme interprète. « J’ai juste passé beaucoup d’heures à chanter et feeler la musique. Je ne me considère pas comme un grand chanteur, mais comme quelqu’un qui a un bon tone et un bon feeling. »

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Marcella Grimaux porte plusieurs chapeaux : directrice de création, conceptrice visuelle, metteuse en scène et directrice artistique.

La conceptrice visuelle Marcella Grimaux

Jonathan Roy travaille en gérance avec Paul Jessop (Marie-Mai) et il peut compter sur des collaborateurs de longue date. Sur le plateau de Star Académie, il a rencontré Marcella Grimaux, qui travaille avec des stars québécoises et internationales (de Patrice Michaud au rappeur Tiago PZQ) et qui est derrière le spectacle Harmonium symphonique.

En répétition, mardi dernier, il fallait voir cette dernière sautiller de contentement devant l’enchaînement des images au son de Leaving with Your Heart. « Il y avait plein d’avenues dictées par la musique et les textes », souligne Marcella quant à sa scénographie conçue avec son équipe du studio Noisy Head. « Jonathan aime la nature et on intègre ça. Il y a aussi des moments dénudés où on mise juste sur sa voix. »

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Jonathan Roy et Marcella Grimaux

L’âme du spectacle, pourrait-on dire après avoir vu une heure de répétition, c’est l’infiniment grand qui côtoie l’infiniment petit. Des images aériennes et psychédéliques sont entrecoupées d’un cœur qui bat, par exemple. « C’est la première fois que je vois un spectacle où tout coexiste : le visuel, l’éclairage… C’est vraiment un autre niveau », estime Jonathan Roy, accompagné de quatre musiciens et de deux choristes (Rafaëlle Roy et Melissa Pacifico), ce qui ajoute vraiment à l’ensemble.

Nerveux pour sa première vendredi soir ? Comme toujours. Même qu’il le faut, plaide-t-il.

Parmi le public, on retrouvera son ami de longue date Sansdrick Lavoie, à qui il s’adresse sur sa nouvelle chanson 21 Days – où il est question de cure de désintox.

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Sansdrick Lavoie était en coulisses avec Jonathan Roy, il y a près de 15 ans, quand son ami donnait ses premiers spectacles au Casbah, à Québec, alors qu’il jouait toujours au hockey et qu’on le connaissait surtout pour avoir été l’auteur d’une agression sur la glace dans l’uniforme des Remparts.

C’était une autre vie.

Aujourd’hui, Jonathan a 33 ans, un chiffre que les amateurs de hockey associent au numéro de chandail de son père, le célèbre gardien de but Patrick Roy. Il ne peut rien changer au fait qu’il est le « fils de » et il se dit fier de son père.

Après six albums, il a aussi de quoi être très fier du chemin musical parcouru. Après sa tournée québécoise la plus ambitieuse à ce jour, il se produira dans une douzaine de grandes villes d’Europe en mai.

« I want it to be real », chantait-il sur la scène du MTelus comme nous l’écrivions au tout début de ce texte.

Ça semble bien vrai !

Dans une version précédente de ce texte, nous écrivions que le spectacle est jeudi soir mais il a lieu vendredi au MTelus.

Life Distortions

Folk

Life Distortions

Jonathan Roy

Sortie le 3 février

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    Jonathan Roy a fait des sauts à Los Angeles et à Vancouver pour enregistrer les huit chansons de Life Distorsions. Il en cosigne la réalisation et les textes, notamment avec ses collaborateurs de longue date Marc Marky Beats Béland, Caulder Nash et Brian Howes. Pour le mixage, il a fait appel à nul autre qu’Erik Madrid (Demi Lovato, A$AP Rocky).