Une fois par mois, La Presse présente quelques rendez-vous attendus pour les amateurs de musique classique.

Le nom de Barbara Hannigan est devenu synonyme d’engagement physique et émotionnel dans le répertoire contemporain classique. La soprano et cheffe d’orchestre fait ses débuts à l’Orchestre symphonique de Montréal, du 7 au 11 décembre.

La musicienne néo-écossaise, jointe à Amsterdam, où elle dirige le légendaire Orchestre du Concertgebouw pour trois concerts, s’étonne d’avoir été si peu invitée à Montréal, elle qui a de surcroît une sœur violoncelliste (Sheila Hannigan) à demeure dans la métropole. Sa dernière apparition dans la ville remonte à 2009 pour une collaboration avec la Société de musique contemporaine du Québec.

Il faut dire que l’Europe est un terrain de jeu plus naturel pour une figure de la musique contemporaine comme elle. Après avoir habité les Pays-Bas pendant une vingtaine d’années, elle a déposé ses valises au Finistère, où elle habite depuis 2015.

À Montréal, où elle chantera aux côtés de l’OSM et de son chef Rafael Payare, Barbara Hannigan interprétera deux de ses œuvres fétiches : Djamila Boupacha de l’Italien Luigi Nono et Lonely Child du Montréalais Claude Vivier. L’orchestre conclura la soirée avec la mélancolique Valse triste de Sibelius et la monumentale Symphonie fantastique de Berlioz.

La soprano s’emballe en parlant des deux partitions, particulièrement celle de Nono, un bref morceau — environ quatre minutes — pour soprano a cappella sur un texte espagnol, qu’elle a interprété un peu partout, notamment à la Scala de Milan.

« Djamila Boupacha était une résistante algérienne durant la guerre d’Algérie. Elle a été accusée d’un crime et arrêtée par la police, qui l’a torturée. Son cas a été pris en charge par une avocate française et elle est devenue un symbole pour la Résistance et les droits de la personne. Pablo Picasso l’a peinte et Simone de Beauvoir a écrit sur elle », raconte-t-elle.

Une musique magistrale

Mais c’est Lonely Child qui constitue le point d’orgue du concert. Barbara Hannigan ne tarit pas d’éloges sur notre génie assassiné : « C’est une pièce très chère à mon cœur, je l’ai chantée partout dans le monde, la dernière fois avec l’Orchestre philharmonique de Vienne. Tous les orchestres avec qui j’ai fait du Vivier comprennent tout de suite qu’on a affaire à une musique magistrale. »

« Étonnamment, c’est aux Pays-Bas que j’ai entendu le plus de musique de Claude Vivier, affirme-t-elle. Sa musique était promue par le chef et pianiste Reinbert de Leeuw. »

« C’est une œuvre autobiographique, poursuit la soprano. Vivier a grandi dans un orphelinat et ne connaissait pas sa mère. Il était très seul. Le langage de la pièce est une combinaison de français et d’une langue inventée qu’il a créée pour lui-même quand il était enfant. Il utilise ce langage dans toutes ses œuvres vocales. »

Si les Montréalais entendront Barbara Hannigan chanter Vivier, les Amstellodamois l’ont pour leur part vue interpréter l’œuvre du podium, sa collègue Aphrodite Patoulidou se chargeant de la partie vocale.

Je pourrais entrer dans le livre des records Guinness, car je ne crois pas qu’un musicien ait déjà dirigé une pièce une semaine pour la refaire comme soliste la semaine suivante !

Barbara Hannigan, soprano et cheffe d’orchestre

Il est vrai que la chanteuse est abonnée aux exploits, elle qui se risque parfois à conjuguer simultanément chant et direction. Mais pas à n’importe quel prix. « Je le fais seulement quand cela a du sens sur le plan dramatique, de préciser l’interprète. Je crois aussi que c’est plus facile de diriger pour un chanteur que pour un pianiste ou un violoniste, parce qu’ils utilisent leurs deux mains, alors que moi, je suis libre. »

Même si elle dirige de plus en plus de musique romantique (les Métamorphoses de Strauss étaient au programme au Concertgebouw) et classique (elle dit a-do-rer Haydn), la musicienne continue, comme elle le fait depuis le conservatoire, à défendre le répertoire contemporain. « C’est devenu pour moi une sorte de “noblesse oblige” », confie-t-elle.

Barbara Hannigan et la Symphonie fantastique de Berlioz, avec l’OSM sous la direction de Rafael Payare, à la Maison symphonique le 7 décembre, 19 h 30, et les 10 et 11 décembre, 14 h 30

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