L’arrivée de la neige marque, bon an, mal an, le retour du Festival Bach Montréal. Cette deuxième cuvée postpandémique revient avec les valeurs éprouvées qui ont assuré son succès au fil du temps, mais également des découvertes.

La fondatrice et directrice artistique Alexandra Scheibler se demande ce qui fait qu’il est possible d’écouter du Bach en boucle sans à peu près se lasser.

« Ce n’est pas le même phénomène qu’on a avec d’autres musiques. Même avec les symphonies de Beethoven, après cinq fois, on veut faire une pause. Mais ça n’arrive jamais avec Bach. Peut-être que c’est le contrepoint, la structure, je ne sais pas… Je ne suis pas la seule personne qui pense ça », explique-t-elle, suggérant qu’un scientifique se penche sur la question.

Pas étonnant dans ce cas que le public se déplace aussi nombreux chaque fois pour entendre une énième présentation des Variations Goldberg ou des Suites pour violoncelle du Cantor.

Les Goldberg ont pour leur part exceptionnellement été données plus tôt cette année dans un concert de préouverture offert par le pianiste András Schiff à la Maison symphonique, une expérience qui a ravi Alexandra Scheibler, du fait de la concentration du public.

Personne n’a applaudi pendant une vingtaine de secondes à la fin. C’est rare qu’on voit cela !

Alexandra Scheibler

Les célèbres variations seront néanmoins de nouveau interprétées par les Violons du Roy et le chef Nicolas Ellis le 27 novembre dans un arrangement de Bernard Labadie.

Autrement, le grand soliste du Festival sera assurément Christian Tetzlaff, qui gravira l’Everest violonistique des Sonates et Partitas en un seul concert le 2 décembre à l’église St. George. C’est Isabelle Faust et Antje Weithaas qui s’y étaient frottées les fois précédentes.

La directrice du Festival voit en son invité l’archétype de l’interprète bachien. « Un artiste comme Christian Tetzlaff est au-dessus des problèmes techniques, souligne-t-elle. Il peut vraiment plonger dans le matériau musical, dans les émotions, raconter une histoire avec son instrument. »

On note également l’intégrale de L’art de la fugue par la jeune révélation pianistique italienne Filippo Gorini le 22 novembre à la salle Bourgie.

Un incontournable

Au rayon choral, le concert d’ouverture du 17 novembre reste un incontournable. Le public aura l’occasion d’entendre, dans l’acoustique de la Maison symphonique, la Passion selon saint Jean par l’Internationale Bachakademie Stuttgart, un ensemble légendaire fondé par Helmut Rilling qui se produira pour la première fois à Montréal. Chez les solistes, on compte notamment l’extraordinaire basse Peter Harvey, ainsi que le ténor islandais Benedikt Kristjánsson, bouleversant l’an passé dans l’Oratorio de Noël.

Celui-ci sera d’ailleurs redonné — en version réduite (cantates I, II et IV) — par l’Orchestre symphonique de Montréal en « post-festival » les 21 et 22 décembre sous la direction de Leonardo Garcia Alarcón.

Mais il n’y a pas que les grands jalons et les vedettes internationales.

Maintenant, le public nous fait confiance. Même s’il y a des œuvres ou des interprètes qu’il ne connaît pas, il va se dire : « Ah oui, c’est le Festival Bach, on va essayer ».

Alexandra Scheibler

On aura par conséquent droit à Bach (et à d’autres compositeurs apparentés) au clavecin par Luc Beauséjour (18 novembre), sur l’orgue de l’oratoire Saint-Joseph le 20 novembre (quatre organistes rendront hommage à Kenneth Gilbert) et le 4 décembre (par le titulaire Vincent Boucher), au piano par la phénoménale Eva Gevorgyan (23 novembre) et au luth par le jeune virtuose français Thomas Dunford (29 novembre).

Le Off-Bach, lancé en 2019, reste cher au cœur de la directrice artistique, qui l’a reprogrammé cette année du 29 novembre au 4 décembre. Il permet au public de venir à tout moment à son quartier général du boulevard Saint-Laurent pour entendre des répétitions publiques, assister à des apparitions éclair de vedettes du festival ou simplement prendre un verre de vin en écoutant une conférence.

« La musique de Bach parle à beaucoup de personnes différentes, reste convaincue Alexandra Scheibler. Autant des musiciens confirmés que le public avancé qui écoute L’art de la fugue, que des enfants et des personnes qui n’ont pas étudié la musique. Parce que cette musique est intemporelle. »

Le Festival Bach Montréal, du 17 novembre au 9 décembre 2022. Avec un Postlude les 21 et 22 décembre 2022.

Consultez le site du Festival Bach Montréal