Il y a deux ans, Adib Alkhalidey lançait un premier album, Les cœurs du mal, sous le pseudo d’Abelaïd. C’est à visage découvert et sous son propre nom que l’humoriste, scénariste et comédien lance cette fois Pour tuer le temps, album encore plus intense que le précédent, si cela est possible.

On retrouve ici sa plume très poétique, assurément sa force. En humour comme en chanson, Adib Alkhalidey soigne ses textes, et chaque pièce comporte au moins un petit bijou. « Alors pour tuer le temps / J’appréhende le pire », chante-t-il dans la très puissante chanson titre de cet album qui parle de ruptures et de deuils.

Les sujets ici ne sont pas légers, et l’enrobage vaguement électropop ne les tire pas tellement vers le haut, même si on sent que l’auteur-compositeur-interprète aimerait bien, comme Stromae, jouer sur l’effet d’une certaine dichotomie.

L’ambiance reste assez lourde malgré tout, entre autres à cause de son interprétation très appuyée et à l’étrangeté de certains sons électros. Surtout, il y a un fatalisme certain et assumé chez Adib Alkhalidey, qui réussit à utiliser le mot « nihilisme » dans deux chansons différentes, c’est dire.

Et même quand il retrouve foi en l’amour et se tourne vers la lumière, un petit doute subsiste. Car il reste celui qui compte « parmi ces âmes / qui se cachent pour pleurer » – une phrase, comme un leitmotiv, qu’il utilise dans Parmi ces âmes au début de l’album, et Parmi ces hommes à la fin, et qui se répondent.

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Album sensible, ultralucide et à fleur de peau, Pour tuer le temps brille d’un éclat sombre et douloureux. C’est aussi un étrange et imparfait voyage, traversé autant par de fugaces éclairs de joie que par des cris de désespoir, et où la poésie est reine. Mais qui laisse l’impression qu’après deux albums, l’auteur-compositeur-interprète a peut-être fait le tour de son sujet et que la chanson est destinée davantage à rester un à-côté intéressant dans une carrière aussi brillante que signifiante.

Pour tuer le temps

Électropop

Pour tuer le temps

Adib Alkhalidey

La Tribu

6,5/10