Les membres du groupe Les Shirley ne donnent pas dans la demi-mesure et c’est à l’image de leur deuxième album, More is More. « Si quelque chose les excite, elles pèsent sur le gaz », dit Marie-Pierre Arthur, qui coréalise pour une première fois des chansons qui ne sont pas les siennes.

À 11 h le matin dans leur local de répétition — le même qu’une certaine Céline Dion à une autre époque —, Raphaëlle Chouinard, Sarah Dion et Lisandre Bourdages sont allumées du même feu ardent qui avive leur musique. « Leur énergie est dans le tapis », ne pourrait mieux dire Marie-Pierre Arthur.

Dans notre formidable entretien de 60 minutes avec Les Shirley et leur coréalisatrice, il a bien entendu été question du nouvel album More is More, mais aussi du générique de 4 et demi…, du plaisir d’être « pompette » et de la pop d’Aqua et de Debbie Gibson. « Ce que j’aime d’elles, c’est qu’il n’y a pas de discussion à savoir si quelque chose se fait ou non, souligne Marie-Pierre Arthur. Si quelque chose les excite, elles pèsent sur le gaz. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Marie-Pierre Arthur

Une chanson pop comme Get a Grip ? Oui. Des harmonies vocales inspirées de Photograph de Def Leppard sur Random Call ? Oui. Raconter à la journaliste la genèse de la chanson No Tomorrow lors d’une soirée sous influence en violation du couvre-feu ? Oui. « Il fallait entendre le démo… », dit par ailleurs Marie-Pierre Arthur.

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Raphaëlle Chouinard, Sarah Dion et Lisandre Bourdages étaient persuadées que Marie-Pierre Arthur était une Shirley dans l’âme avant de l’approcher. « Elle est tellement facile et easy going. On a le même humour et la même vision de la vie et de la musique », indique Lisandre.

Pour tout savoir sur les qualités requises pour être une Shirley, voyez notre entrevue réalisée avec le trio pour la sortie de son premier album.

Plus de vulnérabilité

Si Marie-Pierre Arthur a accepté un premier mandat de réalisation, c’est parce qu’elle était déjà une fan du rock des Shirley. « Quand j’écoute leur musique, je me sens à la maison. »

Dans cette maison cohabitent le grunge, le punk-rock, les mélodies pop et une influence assumée pour le groupe Haim. Sur More is More, Les Shirley font toutefois état de questionnements plus existentiels. « Les sujets sont plus deep », expose Lisandre.

Marie-Pierre [Arthur] nous a aidées à enlever l’écorce et être full vulnérables.

Sarah Dion, membre des Shirley

En tant que parolière, Raphaëlle affirme que certaines pièces sont des « sauts dans le vide ». Notamment la ballade On and On, qui peut rappeler Beach House avant sa finale épique, et qui se veut une main tendue à un proche qui en a lourd sur la conscience.

Sur American Boy, Raphaëlle fait son « coming in ». « Elle nous révèle qu’elle a déjà eu des sentiments pour un gars », dit Sarah.

« La seule fois dans ma vie, précise Raphaëlle. C’était super confrontant pour moi. »

Or, il est bel et bien question d’une fille sur Cold Turkey… « C’est récent en plus ! Un fling de vacances. Court et intense. »

Nostalgie nineties

Sur Random Call flotte un esprit sexe, drogue et rock ’n’ roll alors que des accords de guitare lourds et nirvanesques nous replongent dans la décennie nineties sur Nothing Compares.

C’est beaucoup de nostalgie, Les Shirley. On joue la musique qu’on aurait aimé entendre quand nous étions jeunes. À l’époque, le narratif du pop-punk-rock était surtout du point de vue des gars.

Raphaëlle Chouinard, membre des Shirley

C’est donc avec un regard féministe que le trio fait ressusciter la révolte du grunge. C’est manifeste sur la chanson It’s Time, qui fait écho à #metoo.

De l’enthousiasme contagieux

Alors que les nouvelles qui viennent de l’industrie de la musique sont plus mauvaises que bonnes par les temps qui courent, c’est une bouffée d’air frais d’interviewer Les Shirley. Quand on leur demande si c’était frustrant de sortir un premier album en pleine pandémie en mars 2021, elles se disent plutôt ravies de la réception et des spectacles qui ont suivi.

Comme Les Shirley, Marie-Pierre Arthur carbure au rock qui fait pop, mais aussi à l’enthousiasme et à l’émulation en studio. « C’est facile d’avoir des idées sur du bon stock. Les tounes me donnaient beaucoup de jus et les filles étaient toujours enjouées. »

Marie-Pierre Arthur devrait par ailleurs partager la scène avec Les Shirley lors du lancement prévu à Montréal le 24 novembre au Théâtre Fairmount. C’est sans compter les deux guitaristes qui viendront prêter main-forte au trio vu le son plus dense et construit de More is More. « Nous serons sept sur scène », se réjouit Sarah.

Tant qu’à peser sur le gaz…

En plus des Shirley…

Outre leur trio, les membres des Shirley sont sollicitées comme pigistes en plus d’évoluer dans plusieurs formations musicales. Lisandre et Sarah sont dans NORBRO. La première fait aussi partie de Comment debord et elle sera percussionniste au Gala de l’ADISQ, alors que la deuxième tourne avec Émile Bilodeau et qu’elle vient de partager la scène avec Daniel Bélanger. Sarah joue aussi dans Bermuda avec Raphaëlle qui, elle, collabore avec Emma Beko.

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