Black midi, Black Country New Road, Squid, Goat Girl, Shame : la vague post-punk qui nous submerge de riffs audacieux depuis quelques années est l’affaire principalement de jeunes groupes anglais, qui proposent de surfer sur une musique hargneuse et rageuse. Un autre groupe londonien associé à ce courant par les magazines spécialisés tangue, quant à lui, vers des eaux plus calmes. Et l’écoute de Stumpwork, deuxième effort de Dry Cleaning, confirme cette mouvance.

Moins sulfureux que les groupes nommés ci-dessus, ce quatuor est davantage adepte du noise et du slowcore — l’influence du groupe californien Duster est certaine sur les pièces Driver’s Story et No Decent Shoes For Rain –, deux sous-genres du merveilleux monde du rock qui accompagnent à merveille l’oralité particulière de la meneuse de la formation, Florence Shaw.

Sur une musicalité douce-amère, celle-ci dicte sa poésie à la spoken word. Son slam se veut détaché, mais engagé : elle touche des sujets sociaux importants — masculinité toxique, les défis actuels du féminisme, effet de l’isolement pandémique, répression policière, problèmes de santé mentale — par des histoires ancrées dans la banalité du quotidien.

Can you describe the picture with me ? What are all these men carrying ? What is this toxic sludge ? I don’t know I’ve seen a rat. I’ve seen a guy cautioned by police for rollerblading

Paroles de la chanson No Decent Shoes For Rain

Tout comme pour le premier effort du groupe, New Long Leg, sorti l’an dernier, les séances d’enregistrement de cette suite ont été menées par le vénérable John Parrish. Son amour de la guitare est donc bien audible sur Stumpwork : les accords barrés et ceux créés à l’aide des pédales de distorsion sont nombreux et viennent colmater les brèches entre les strates poétiques de Shaw.

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Sont parsemées au fil des 11 pièces des notes de claviers — vaporeux — et de saxophone, de même que le claquement sec d’une batterie et une ligne grasse provenant de la basse. Cachée à l’arrière du duo voix-guitare, la sonorité de ces instruments est malheureusement moins audible que sur le premier disque du groupe.

Peut-être en sera-t-il autrement sur scène ? On pourra en juger le 10 janvier, alors que la feuille de route de Dry Cleaning montre un arrêt à Montréal, au La Tulipe.

Stumpwork

Post-punk

Stumpwork

Dry Cleaning

4AD Ltd

7,5/10