Avec une voix cathédrale comme la sienne, Charles-Antoine Gosselin pourrait détourner n’importe quel refrain ennuyant de son triste sort. Mais il se trouve que l’auteur-compositeur écrit de somptueuses chansons, dans lesquelles résonne une connaissance intime des puissants pouvoirs du folk.

Il « préfère les voies parallèles, les sentiers que l’on chuchote, qu’aucune carte ne révèle, qui usent les bottes », confie l’Estrien d’origine dans Le temps qu’il me reste, une phrase résumant parfaitement le propos de ce deuxième disque, gonflé par le salutaire oxygène de la lenteur et de la contemplation. Après Bleu soleil, cité en 2018 dans la catégorie de l’Album folk de l’année au Gala de l’ADISQ, l’ancien chanteur de la formation Harvest Breed poursuit son humble mise en valeur du patrimoine folk et americana, à travers cette ode à l’invincible force du hasard.

Propulsée par un petit motif de guitare entêtant (gracieuseté du coréalisateur Guillaume Bourque), Je laisse la mer me guider se déploie ainsi doucement comme une sorte de chanson oubliée de Crosby, Stills & Nash, auquel se serait joint Sufjan Stevens.

Avec ses emprunts au country (La pluie, ta peine, l’amour, en duo avec Caroline Savoie), au folk de chambre (Le temps se lève) et au rock (Oublie), Charles-Antoine Gosselin arpente certes des sentiers très fréquentés, mais sait toujours garder ses distances de la banalité, grâce à des paroles sublimant les clichés (« l’imprévu est un rendez-vous avec l’essentiel ») et de riches arrangements faisant la part belle aux cuivres, à la clarinette basse et aux chœurs. Sa musique est un gospel, qui célébrerait non pas une foi en Dieu, mais plutôt en la vie.

Un graffiti sur le mur du son

Folk rock

Un graffiti sur le mur du son

Charles-Antoine Gosselin

Indépendant

8/10