« J’accueille la fin de l’impuissance », chante Marie-Ève Roy sur la pièce d’ouverture du nouvel album des Vulgaires Machins dont le titre est aussi simple que puissant : Vivre. Empreints à la fois de force et de vulnérabilité, sa voix et ses mots s’avèrent une sorte d’appel à l’empathie, et c’est à l’image de tout le reste de Disruption, qui sort 10 ans après le précédent.

« J’ai tellement besoin d’amour dans ce tissu social en ruine », lancera plus tard sur Asile Guillaume Beauregard, cri du cœur qui fait écho à ce que le père de famille a expliqué en entrevue, à savoir que cultiver un esprit nihiliste devient dépourvu de sens, notamment quand on devient parent.

Les membres des Vulgaires Machins demeurent fâchés face à notre société dominée par les écrans et des liens sociaux en ligne, mais ils se permettent de croire un tant soit peu en un monde meilleur ou, du moins, en notre pouvoir d’action.

Musicalement, on retrouve la fibre mélodique unique au groupe qui nous a donné la bombe rock Compter les corps, mais les Vulgaires Machins — complétés par Pat Sayers et Maxime Beauregard — se permettent de sortir du cadre punk rock. Sur OK, on se surprend agréablement à entendre des claviers synth-pop, alors que l’ombre de différents groupes plane subtilement ici et là (Interpol et The Strokes, notamment).

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On va se le dire, c’est salvateur de renouer avec du rock nerveux et tonitruant qui multiplie sans répit les accords de guitare incendiaires et les refrains aux courbes pop dont seul le réalisateur Gus Van Go a le secret (citons Obsolète et Indicible).

La venue de Marie-Ève Roy au micro et à l’écriture pour la moitié des chansons apporte de la sensibilité au retour à la charge des Vulgaires machins. À la toute fin de l’album, Guillaume Beauregard, avec qui elle partage sa vie, lève par ailleurs son verre « à la santé de l’amour », et même le plus contestataire des punks ne peut pas s’élever contre ça.

Disruption

Rock

Disruption

Vulgaires Machins

Costume Records

8/10