Being Funny in a Foreign Language est peut-être le meilleur album de The 1975 à ce jour. Si ses premières parutions l’ont classé parmi les meilleurs groupes indie pop, celui-ci lui confère ses lettres de noblesse.

Le groupe de Manchester célébrera bientôt les dix ans de son album homonyme, ravissant premier effort que l’on écoute encore aujourd’hui avec un sincère plaisir. Dix ans de chansons pop rock accrocheuses, de ballades mélodieuses et de quelques essais moins fructueux. Après un essai aussi décousu qu’irrésistible en 2020 (Notes on a Conditional Form), The 1975 resserre son approche pour proposer une œuvre témoignant d’une superbe évolution.

Sur la pièce The 1975 (chaque album, mis à part le dernier, débute avec une pièce intitulée ainsi, comme une présentation de la nouvelle ère que le disque amène), résolument biographique et politique à la fois, Healy chante d’une voix si modifiée qu’elle ne ressemble plus à la sienne. Il observe le monde, le déplore, chose qu’il fait depuis les débuts du groupe. Le thème est sombre, l’enrobage musical aussi. Et puis, Happiness débute, sur un rythme dansant, proche du disco. Le saxophone embarque par-dessus le groove installé par la basse, se lance dans une folle envolée à la toute fin de la chanson. Le refrain est destiné à rester gravé dans notre esprit. Cinq minutes d’écoute plus tard, on est aux anges.

C’est la touche The 1975. Cette façon de présenter des morceaux amusants et dansants, profondément réfléchis ou ingénieusement simples sur le plan des paroles, mais toujours accrocheurs, cette référence constante aux rythmes des années 1980. Matt Healy et ses comparses ont mis au monde de géniales compositions pop. Being Funny… est l’un de leurs albums qui en comptent le plus, mais il est aussi leur disque le plus abouti. Aucun manque de cohésion à l’horizon, alors que ce fut parfois le cas sur de précédents opus.

Seule la chanson principale et premier simple du disque, Part of the Band, se détache du reste, par ses tons folk-rock. Avec tout le sarcasme et le cynisme qu’on lui connaît, Healy y parle de sa dépendance, de sa sexualité, se remet en question, raconte une histoire en parallèle qui ne lui appartient pas. Part of the Band est un bel exemple des prouesses de la plume du meneur de The 1975 sur ce disque, le mieux écrit de son répertoire.

Le réalisateur BJ Burton, qui a travaillé sur l’incroyable 22, A Million, de Bon Iver, a participé au début de la création du disque, avant de se retirer lorsque le groupe s’est associé au fabuleux Jack Antonoff. Celui-ci a finalement réalisé tout l’album, avec Healy et le batteur du groupe, George Daniel. Le résultat est formidable.

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Being Funny in a Foreign Language

Pop

Being Funny in a Foreign Language

The 1975

Dirty Hit

8,5/10