Musicienne à l’instinct sûr, Sona Jobarteh marie avec brio tradition et modernité sur Badinyaa Kumoo.

Il n’est pas usuel que les femmes jouent d’un instrument dans la tradition de l’Afrique de l’Ouest, où c’est le rôle des hommes. Sona Jobarteh, née en Angleterre d’un père issu d’une lignée de griots gambiens, s’est affranchie de cette barrière et est devenue l’une des rares musiciennes à jouer de la kora de manière professionnelle.

L’instrument — un hybride entre la harpe et le luth typique de la musique du Mali, du Sénégal et de la Gambie, entre autres – se trouve au cœur de Badinyaa Kumoo. Sona Jobarteh le fait chanter dans le respect de la tradition, mais sur des grooves qui empruntent autant à ses racines africaines qu’à un esprit jazz.

De son jeu virtuose émanent des mélodies fortes, scintillantes, et une énergie souvent joyeuse. On le sent dès Musolou, le morceau qui ouvre le disque de manière éclatante, mais aussi dans les moments plus posés comme Dunoo, qui vient tout de suite après, et Kambengo, excellent duo avec l’icône sénégalaise Youssou N’Dour.

Sona Jobarteh s’affirme comme une meneuse à l’instinct sûr tout au long de cet album tapissé de percussions volubiles aux timbres variés, qui bénéficie d’un mixage d’une grande délicatesse. Le tissage, ici, est habile et serré. Les motifs sonores, éclatants. Badinyaa Kumoo, aussi porté par la voix douce mais plein d’aplomb de la musicienne, marque l’avènement d’une artiste capable de mettre un fin lustre de modernité sur la tradition ouest-africaine.

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Badinyaa Kumoo

Musique africaine

Badinyaa Kumoo

Sona Jobarteh

African Guild Records

8/10