Benjamin Biolay échappe de fausses audaces sur Saint-Clair, album inégal dans la foulée de son succès Grand Prix.

Il a dû être patient. Pendant près de 10 ans, son succès critique ne s’est pas traduit en succès public. Ça a changé avec La superbe (2009), et encore bien plus avec Grand Prix (2020), dont Saint-Clair est le prolongement.

Ce 10e disque en 20 ans est plus rock, de l’avis de son compositeur. L’envie de brasser un peu les choses s’entend, c’est vrai, dans ces guitares manifestement inspirées des Strokes (c’est tellement évident sur Forever). Biolay n’a toutefois rien d’un Julian Casablancas. Il a plus d’affinités avec Gainsbourg, plus poète que rockeur.

Il y a toujours eu quelque chose de maniéré chez Biolay, et ça reste sur Saint-Clair. Un côté poseur aussi, qui filtre l’émotion sincère. Il faut aimer le personnage, qui, ici, s’égare un peu dans ses envies charnelles parfois joliment évoquées (dans Les joues roses), mais souvent soulignées à trop gros traits (le refrain faussement osé de Rends l’amour, des passages maladroits de Les joues roses).

Sa superbe se déploie bien davantage dans les morceaux où il semble arrêter de jouer et pose un regard sensible sur sa ville, sur la mer et la vie : (Un) Ravel, Sainte-Rita (parfaite dans son dépouillement) ou encore La traversée, qui, sur une musique opulente aux accents brésiliens, évoque tous ces migrants que la Méditerranée avale.

Saint-Clair est un disque inégal qui paraît long (plusieurs chansons auraient dû être coupées au montage). Il y a aussi ce côté ostentatoire dans la manière de Biolay qui fait que son pop rock d’esthète manque de cœur. Des sources d’irritation compensées, en partie du moins, par cette voix grave qui vibre, ces mélodies imparables et cette plume élégante capable de vrais éclats poétiques.

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Saint-Clair

Pop-rock

Saint-Clair

Benjamin Biolay

Romance Musique

6,5/10