« Most days I wake up just wanting to die/But I still try », confie papi Ozzy de sa voix inchangée, malgré la maladie de Parkinson, sur Mr. Darkness. La phrase, lourde, encapsule parfaitement le projet de ce deuxième album en deux ans, à la fois testament et rétrospective, chaque chapitre se déployant comme un double clin d’œil à son passé chargé et à son inévitable fin.

Alors que Ordinary Man (2020) semblait avoir été enregistré avec l’objectif de permettre au Ozzman de renouer avec les palmarès FM, ce 13disque justifie son existence dans ses moments s’émancipant avec le plus de fougue du format stérile des radios de modern rock. C’est le cas de la chanson titre, Patient Number 9, une indomptable chevauchée de plus de sept minutes sublimée par Jeff Beck. Avec une liste d’invités composée de nombreux dieux de la six-cordes, le patriarche Osbourne prouve que comme lui, le solo de guitare, en 2022, n’est peut-être plus aussi fort qu’il l’a déjà été, mais n’est certainement pas mort.

Son ancien collègue Tony Iommi lui rend pour sa part visite le temps de deux chansons, No Escape From Now, qui ne manque de Black Sabbath que le nom, et Degradation Rules, sur laquelle le chanteur dépoussière son harmo.

Tous les Ozzy sont donc convoqués sur Patient Number 9 : celui des power ballades à brailler dans sa bière (God Only Knows, avec le poignant apport de Dave Navarro), celui du pop métal de No More Tears (1991) et aussi celui qui s’entête à aggraver son propre problème de surdité (merci à Zakk Wylde et à son ampli crinqué à onze). Était-il nécessaire d’appeler Eric Clapton pour la saccharinée One of Those Days ? Non, mais un album d’Ozzy ne serait pas un album d’Ozzy sans au moins une ostensible faute de goût.

« But I’ll never die/cause I’m immortal », proclame l’homme qui a passé sa vie à narguer la Faucheuse et qui, manifestement, veut vivre le plus longtemps possible.

0:00
 
0:00
 
Patient Number 9

Métal

Patient Number 9

Ozzy Osbourne

Epic

7/10