La pandémie a été rude pour Metric et sa chanteuse, Emily Haines. Après avoir bouclé sa plus longue tournée en carrière de 2018 à 2019 en soutien à l’album Art of Doubt, tout s’est arrêté sec pour le groupe torontois.

« T’es sérieux ? » Emily Haines nous répond sans filtre quand on lui demande si la pandémie a été difficile pour elle.

Elle n’a pas été de ces musiciens qui ont profité du confinement pour travailler sur des projets individuels ou pour concrétiser des idées restées trop longtemps sur la touche. « Je comprends que certains aient pu trouver le moyen d’en profiter, mais moi, j’ai perdu des proches aux mains de la COVID, explique la musicienne de 48 ans. Ça continue d’être un monde sens dessus dessous pour les musiciens. Mais on a tenté d’en tirer le meilleur parti, c’est pourquoi on a voulu que notre musique soit celle que l’on veut écouter en sortie de crise. Mais il y en a déjà d’autres qui émergent. Nous vivons vraiment dans une époque instable et imprévisible… »

Reprendre la route avec son groupe lui fait donc un bien fou, d’autant que le dernier album, Formentera, a été d’abord enregistré en l’absence des collègues américains Joshua Winstead et Joules Scott-Key, le bassiste et le batteur ne pouvant pas franchir la frontière.

« James [Shaw] et moi avons réalisé la maquette complète de l’album avant de pouvoir jouer les pièces avec Joshua et Joules », nous apprend Emily Haines. Dans les circonstances, le duo créatif de Metric a choisi de se créer une zone franche en déménageant son studio de Toronto dans une église achetée dans la campagne ontarienne. Ainsi, si le début de l’album témoigne de l’anxiété ambiante du début de la pandémie avec des titres comme Doomscroller et All Comes Crashing, le propos s’allège au fil des chansons suivantes.

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« J’espère que le disque va contribuer à aider les gens à comprendre ce qui se passe, car nous sortons tous de cette crise un peu perturbés, estime l’artiste canado-américaine. On apprend à passer à travers, c’est pourquoi on voit l’album telle une oasis pour l’esprit, pour mieux accepter ce que l’on ne peut pas contrôler. »

Succès inattendu

Musicalement, on reconnaît la signature de Metric, avec un retour au premier plan des claviers, du moins par rapport à Art of Doubt, certainement l’album le plus rock du quatuor formé il y a déjà plus de 20 ans.

« Jimmy et moi jouons de tous les instruments, alors c’est amusant de constater que les gens se questionnent sur la présence des claviers par rapport aux guitares, nous dit Emily Haines en rigolant. On a même fait un petit sondage maison pour connaître la réaction des gens, car pour nous, Formentera est plus équilibré. » Un peu à la manière de leurs premiers albums, Old World Underground et Live It Out, lancés en 2003 et 2006.

On ne pense jamais à s’inspirer du passé, parce qu’on aime prendre des risques. Mais j’avoue que j’ai ressenti une certaine connexion avec notre premier album, 20 ans m’apparaissent soudain comme un clin d’œil ! Nous avons toutefois visé le niveau supérieur avec Formentera, notamment avec Doomscroller, qui dure plus de 10 minutes.

Emily Haines

Emily Haines souligne ainsi n’avoir jamais créé dans le but de plaire aux masses, même si elle est ravie du succès de l’album — la chanson All Comes Crashing est restée cinq semaines au sommet du palmarès rock canadien alors qu’elle a atteint le numéro 1 de la chaîne Alt-Nation de Sirius XM. « Il y a quelque chose qui se passe, reconnaît la chanteuse. Mais on a toujours fait de la musique qui nous ressemble. Ce que l’on veut, c’est qu’elle résonne auprès des bonnes personnes. Pour ma part, je n’ai jamais cherché à multiplier les connaissances, je veux plutôt des relations significatives ; la même chose s’applique au groupe. »

Pour Metric et Emily Haines, Montréal fait justement partie de ces relations significatives, la chanteuse ayant étudié à l’Université Concordia de 1995 à 1996. « Montréal a contribué à ma formation en tant qu’être humain. Ces années-là m’ont permis de savoir qui j’étais vraiment. C’est comme si je voyageais dans le temps quand je reviens ici. J’ai donc vraiment hâte d’être à Montréal. »

Le public présent ce lundi au MTelus saura bien le lui rendre, on n’en doute pas un instant.

Formentera

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Metric Music International

Metric sera au MTelus ce lundi à 20 h, avec Bartees Strange en première partie.

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