On a découvert Gab Bouchard il y a près de trois ans avec Triste pareil, espèce de chronique pleine de fougue d’une peine d’amour douloureuse. Bonne nouvelle, dans ce deuxième album intitulé Grafignes, l’auteur-compositeur-interprète originaire de Saint-Prime, au Lac-Saint-Jean, n’a rien perdu de son énergie vitale ni de son hypersensibilité.

La différence : elles sont aujourd’hui un peu plus canalisées. Fini les éclats de voix écorchés et la réjouissante démesure, pourtant l’émotion passe encore, peut-être même plus parce qu’elle est contenue.

Grafignes commence sur les chapeaux de roues avec les trépidants Dépotoir et Trou d’eau. Mais on passe rapidement à un rythme plus lent, plus lourd, avec des sujets qui sont à l’avenant. Le suicide, la dépression et le désespoir planent sur le cœur de cet album – C’est cool, Bye bye, Remède, Grafignes – dans lequel Gab Bouchard tourne son regard vers les autres, s’adresse à ses amis qui ont mal, se parle à lui-même en même temps. Et à toutes les personnes qui traversent une mauvaise passe. « Y’a d’autres choses à faire que de pleurer l’amour », chante-t-il dans la touchante Ton shift est pas fini.

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Dans cet album très « sexe, drogue et rock’n’roll », les choses peuvent très mal se terminer, oui, et on regrette parfois de ne pas avoir pu changer le cours des évènements – Remède, plus up-tempo, n’est d’ailleurs pas sans rappeler la poignante Tassez-vous de d’là, des Colocs. Mais il y a aussi une petite touche de lumière au bout si on regarde comme il faut.

C’est cette sincérité crue qu’on entend à chaque détour de Grafignes, dont les arrangements sont signés Gab Bouchard, Mathieu Quenneville – qui cosigne plusieurs musiques – et Olivier Langevin. Un album qui est peut-être plus sage que son prédécesseur, mais pas plus lisse : les guitares pleurent, les mélodies s’incrustent, la légèreté vient contrebalancer la tristesse des propos et, surtout, surtout, la vie y déborde de partout.

Grafignes

Pop rock

Grafignes

Gab Bouchard

Bravo Musique

8/10