(Baie-Saint-Paul) Le Festif ! bat son plein. Après une édition annulée et une autre plus modeste, le festival de musique revient dans sa formule habituelle. Ce week-end, Baie-Saint-Paul fête la musique en grand. Ce qui n’empêche pas qu’il y règne cette atmosphère intimiste et confortable que ceux qui s’y trouvent décrivent comme propre au Festif ! La Presse est sur place.

Nous sommes jeudi soir. Une bande de festivaliers détrempés attendent sous une tente que l’orage passe. L’humeur est bonne, même si la plupart des spectacles de la soirée viennent d’être annulés en raison des orages et de l’averse. Il est passé 22 h, mais plutôt que de se diriger vers leur lit, les gens attendent. C’est qu’au Festif !, ce n’est pas fini tant que ce n’est pas fini. Une heure plus tard, la musique reprend. Le Urban Science Brass Band joue sur le parvis en plein centre de la ville. Mattiel se représente finalement au Garage du Curé. Surprise : Bran Van 3000 est en DJ set dans une cour arrière. À 1 h 30 du matin, les festivaliers se mettent à swinger avec Daddy Long Legs.

Ce n’est que la première journée, et déjà, le Festif ! fait honneur à sa réputation. Une réputation d’être un évènement pas comme les autres où la musique est mise à l’honneur de manière singulière, faisant de Baie-Saint-Paul, le temps d’un week-end, un village où l’on ne dort jamais.

Avant l’orage, en ce jeudi de lancement, les amies Caroline et Karine passent du bon temps sur le parvis aménagé en plein centre de la municipalité. « On vient tous les ans, c’est notre septième année », explique la première. Débarquées de Montréal, comme bien d’autres festivaliers, elles n’ont plus voulu manquer une édition depuis leur première expérience — sauf une, quand la COVID-19 a frappé. « J’ai vu Grimskunk pour la première fois ici. J’ai eu la chance ailleurs depuis des années, mais je voulais les voir au Festif ! » Les deux amies se remémorent une tonne de souvenirs musicaux vécus ici, du spectacle d’Alexandra Stréliski éclairé aux chandelles — « c’était magique » — à celui de Lisa LeBlanc durant lequel elle s’est amusée avec un soutien-gorge lancé sur scène. « Le Festif ! porte bien son nom », lance Karine, qui déplore seulement que les billets soient maintenant difficiles à obtenir, tant la demande est forte. « Il faut se préparer bien avant, dit-elle. On se coordonne le jour où ils sont mis en vente, avec deux connexions, on essaye de mettre la main sur ceux qu’on veut ! »

La particularité du Festif ! tient aussi à certains détails. Un stand de sérigraphie du Centre de production en art actuel Les Ateliers pour marquer ses t-shirts du logo du festival. Une pile de poufs gigantesques dans laquelle piocher pour s’installer sur le parvis. Jeudi, un stand à sushis gratuits à côté d’une scène pour donner de la visibilité à un resto local. Mais aussi, petit plus que bien des personnes rencontrées par La Presse soulèvent, le Festif ! propose des spectacles surprises à travers le centre de la ville, dans des endroits parfois inattendus, qui donnent aux spectateurs un sentiment d’expérience privilégiée.

PHOTO SARKA VANCUROVA, LA PRESSE

Chandail à l’effigie du Festif ! de Baie-Saint-Paul

« Tu vas dans le jardin d’Untel ou d’Unetelle, et tu as accès à des artistes en petit comité, raconte Isabelle Bédard, rencontrée avec son beau-frère, Richard, sur le camping du site. On trouve ça juste ici. »

« Quelque chose de particulier »

En se promenant dans Baie-Saint-Paul, on remarque que des cours arrière sont occupées par des campeurs sous la tente. Les résidants louent souvent leur terrain aux festivaliers. Les propriétaires du casse-croûte Les Petits Délices, aux Éboulements, nous racontent qu’ils ont déjà même loué leur propre chambre ainsi que l’espace de leur jardin.

La communauté de Baie-Saint-Paul accueille la communauté de festivaliers et la rencontre semble harmonieuse. « Il y a quelque chose de particulier dans l’ambiance », affirme Isabelle Bédard, qui est venue de Québec dans son van aménagé.

Il y a une espèce de sentiment de liberté. Tout le monde est de bonne humeur. Tout le monde se salue, il y a de la musique partout.

Isabelle Bédard, festivalière

Jeudi, tandis que l’infatigable Pierre Kwenders faisait danser son public sur la scène principale, certains prenaient le temps de relaxer durant le DJ set de l’animateur de Radio-Canada Nicolas Ouellet. Et alors que, plus tard, Les Hôtesses d’Hilaire étaient aussi amusants qu’agréables à écouter devant la Microbrasserie Charlevoix, Bran Van 3000 divertissait une foule compacte à quelques pas de là. Le lendemain, Geoffroy donne son spectacle sur le quai flottant installé sur la rivière du Gouffre. Le centre de Baie-Saint-Paul devient un petit village musical. La plupart des scènes sont à quelques minutes de marche. Des navettes sont disponibles pour celles un peu plus excentrées.

Également croisé au camping, Mangué Touré note la faune « différente des autres festivals ». Au Festif !, dit-il, « il y a pas mal moins de monde là juste pour mettre sa caméra de téléphone devant tout le monde ». « C’est plus le fun. La proximité, les gens… L’ambiance est cool. » Lui et son frère sont au festival pour la deuxième fois. « Après la première, on s’était dit que ça allait devenir une tradition. Ça avait été une révélation », explique-t-il, installé confortablement sous une bâche accrochée à leur van pour refaire le plein d’énergie avant de se remettre à courir les spectacles.

Tout le monde trouve son compte

Durant la journée, vendredi, il fait une chaleur presque étouffante. Les nombreuses stations d’eau sont bienvenues, tout comme les zones d’ombre sur le parvis, pour faire une pause ou même une sieste — ça s’est vu !

Ce jour-là, Ariane Roy, Ouri, Basia Bulat, Geoffroy, Bon Enfant, Connaisseur Ticaso, Manu Militari, Les Louanges, Gros Mené et Hubert Lenoir sont attendus. Entre autres ! On doit même faire des choix déchirants parfois tant l’offre de la programmation est abondante.

PHOTO SARKA VANCUROVA, LA PRESSE

Concert de Bon Enfant vendredi

Habituée des festivals « partout au Canada », mais présente pour la toute première fois au Festif !, Astrid Esmeralda estime que l’évènement est « vraiment unique ». « C’est une expérience vraiment autre que celle des festivals plus corpo comme le FEQ, par exemple, nous dit-elle. À Tadoussac, ça y ressemble, mais c’est plus slow. Ici, ils savent nous garder sur notre hype. »

La résidante de Québec dit « [trouver] de tout » au Festif !, elle qui prévoit ce week-end assister aux spectacles de Safia Nolin, Larry Kidd, Lisa LeBlanc, P’tit Belliveau, Connaisseur Ticaso et Manu Militari, notamment. « Je trouve mon compte à 100 %. »

Aperçu du festival
  • Malgré la pluie, les festivaliers étaient au rendez-vous jeudi soir.

    PHOTO SARKA VANCUROVA, LA PRESSE

    Malgré la pluie, les festivaliers étaient au rendez-vous jeudi soir.

  • De nombreux festivaliers sont venus dans la région en van.

    PHOTO SARKA VANCUROVA, LA PRESSE

    De nombreux festivaliers sont venus dans la région en van.

  • Concert des Hôtesses d’Hilaire devant la Microbrasserie Charlevoix

    PHOTO SARKA VANCUROVA, LA PRESSE

    Concert des Hôtesses d’Hilaire devant la Microbrasserie Charlevoix

  • Des gens de tout âge assistent aux concerts.

    PHOTO SARKA VANCUROVA, LA PRESSE

    Des gens de tout âge assistent aux concerts.

  • Durant la journée, vendredi, il a fait une chaleur presque étouffante. Les nombreuses stations d’eau étaient les bienvenues.

    PHOTO SARKA VANCUROVA, LA PRESSE

    Durant la journée, vendredi, il a fait une chaleur presque étouffante. Les nombreuses stations d’eau étaient les bienvenues.

  • Certaines familles viennent célébrer la musique avec de très jeunes enfants !

    PHOTO SARKA VANCUROVA, LA PRESSE

    Certaines familles viennent célébrer la musique avec de très jeunes enfants !

  • L’ambiance décontractée du festival est appréciée par de nombreux amateurs de musique.

    PHOTO SARKA VANCUROVA, LA PRESSE

    L’ambiance décontractée du festival est appréciée par de nombreux amateurs de musique.

  • Ouri en concert, vendredi

    PHOTO SARKA VANCUROVA, LA PRESSE

    Ouri en concert, vendredi

1/8
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Les frais d’hébergement pour ce reportage ont été payés par le Festif !