Imaginez un peu la scène. Entre 150 et 300 personnes sont réunies dans une église illuminée par des bougies. Un quatuor à cordes interprète, un soir, Les Quatre Saisons de Vivaldi. Le lendemain, les plus grands succès du groupe ABBA. Le jour d’après, un pot-pourri des meilleures musiques de film. Phénomène mondial venu d’Espagne, les soirées Candlelight dépassent les 500 représentations à Montréal seulement.

Né à Madrid en 2019, avant de gagner le reste du monde, le concept Candlelight se multiplie dans une centaine de villes partout sur la planète, dont Montréal, Québec, Ottawa, Toronto, Edmonton, Calgary et Vancouver.

Il se peut que vous ayez été témoin du matraquage publicitaire de l’entreprise Fever sur les réseaux sociaux. Certaines personnes ont même douté de la véracité des concerts. « On faisait de la pub durant la pandémie quand les salles étaient fermées, en vue de concerts prévus plusieurs mois plus tard, alors les gens étaient peut-être sceptiques », explique Alexandre Boccardi, gestionnaire des évènements au Canada. « Dès qu’on a commencé, ils ont vu que c’était sérieux. »

Selon la période de l’année et le répertoire désiré, le public peut s’installer à la cathédrale Christ Church, sur la terrasse de l’Hôtel 10, dans la chapelle Notre-Dame-de-Bonsecours, à l’église Notre-Dame-des-Sept-Douleurs ou à l’église Saint-Jean-Baptiste.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Concert éclairé à la bougie à la cathédrale Christ Church

« On ne vise pas nécessairement des lieux religieux, mais comme nos concerts se veulent une expérience multisensorielle, on a choisi des endroits dont l’architecture était intéressante et dont l’acoustique se prêtait bien aux concerts », précise M. Boccardi.

Un rythme fou

Le tout premier concert Candlelight montréalais a eu lieu en septembre 2020, au Fairmont Le Reine Elizabeth, dans une soirée mariant les mets fins d’un chef étoilé et la musique des Quatre Saisons de Vivaldi.

« Ça devait être un contrat ponctuel, mais on a su ensuite que c’était un test pour voir comment Montréal allait réagir », affirme le premier violon Julien Oberson.

Quand les salles ont rouvert en mars 2021, on s’est fait proposer de jouer durant 10 jours, sans savoir que ça aurait un tel impact aussi longtemps.

Julien Oberson, premier violon

En effet, le quatuor joue 10 fois par semaine, du mardi au samedi, bien que certains concerts soient donnés par un pianiste ou une soprano. « C’est très formateur, dans le sens où on doit performer à 10 reprises au même niveau chaque semaine, dit le musicien. On ne peut pas se permettre d’être fatigués et de moins bien jouer un soir. C’est très exigeant pour le corps et le mental. »

De Vivaldi à Céline Dion

Heureusement que le répertoire est très varié. Soir après soir, le public peut découvrir la version classique des chansons d’Adele, de Queen ou de Céline Dion, le meilleur du compositeur de trames sonores Hans Zimmer (Gladiateur, Interstellaire, Pirates des Caraïbes) et l’incontournable From Bach to the Beatles.

« Le mélange de pop et de classique ouvre la porte aux personnes qui connaissent moins le classique, mais qui découvrent nos versions d’une musique qu’ils apprécient, avant d’aller, peut-être, un jour, découvrir les concerts de grands orchestres symphoniques », souhaite Julien Oberson.

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Un concert éclairé à la bougie à Montréal

Sa soirée préférée ? Celle d’ABBA, sans la moindre hésitation ! « Toute mon enfance a été bercée par leur musique et les arrangements que la compagnie nous a envoyés étaient bien faits. Ce n’est pas toujours le cas. Parfois, on doit les retravailler avant de les jouer devant les gens. »

À l’occasion, les musiciens montréalais lancent des suggestions de répertoires, comme ceux des hommages à Céline Dion et au groupe ABBA, ainsi qu’une soirée consacrée à la musique folklorique et un concert soulignant la Semaine de la fierté LGBTQ+.

Ce n’est toutefois pas facile de convaincre Fever, la machine internationale derrière Candlelight. « S’ils ne sont pas certains que ça va vendre, c’est plus complexe à lancer, affirme le musicien. Étonnamment, la soirée Céline Dion n’est pas été aussi populaire qu’on le croyait pour le moment, même si les gens sur place adorent le concert. »

Un concept qui peut s’essouffler ?

Selon le violoniste, combien de temps le succès dans la métropole peut-il tenir ? « J’ai l’impression qu’on pourrait continuer longtemps, mais à un rythme probablement moins intense, répond-il. D’autant plus qu’on prévoit ajouter de nouveaux programmes, comme le Requiem de Mozart et les classiques du rock dès septembre. »

Le représentant de La Presse a assisté aux concerts consacrés à la musique de Hans Zimmer, à celle d’ABBA et à plusieurs succès de trames sonores. Après seulement quelques minutes de cette musique enveloppée par la beauté des lieux et la magie des (fausses) bougies, il en a eu les larmes aux yeux. S’il a remarqué quelques manques de synchronisme, de légers couacs, des glissements et de rares fausses notes, il a néanmoins savouré les trois soirées et profité de la bonne tenue globale du quatuor.

Consultez la page montréalaise des concerts Candlelight