Cela fait deux ans que leur présence à Québec avait été annoncée et c’est finalement samedi soir que Rage Against the Machine est monté sur scène au FEQ. Nous y étions. Ç’a été parfait.

Avant l’arrivée de Rage Against the Machine, les tout aussi impressionnants Alexisonfire se sont présentés devant les Plaines. Et encore un peu plus tôt, c’est le groupe Vulgaires Machins qui avait diverti les festivaliers du FEQ.

Ça faisait 10 ans que les rockeurs de Granby n’avaient pas joué sur une scène de Québec. Pour leur « premier et dernier spectacle de l’été », les musiciens avaient droit à des Plaines bondées, alors qu’ils assuraient la première partie d’Alexisonfire et de Rage Against the Machine. Il était plaisant de voir ces musiciens québécois occuper cette place de choix.

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Le groupe Vulgaires Machins

Leurs paroles, revendicatrices mais si littérales, aidées par leurs mélodies accrocheuses, ont été un divertissement bien satisfaisant alors que les festivaliers arrivaient par milliers sur le site principal du festival. La formation a de l’expérience et ça se sent, ça s’entend.

Enlevant Alexisonfire

« Holy fucking shit », a-t-on pu lire sur les lèvres de George Pettit, comeneur du groupe lorsqu’il est arrivé sur scène et s’est rendu compte de la foule qui l’attendait.

  • George Pettit du groupe Alexisonfire

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    George Pettit du groupe Alexisonfire

  • Le bassiste Chris Steele

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    Le bassiste Chris Steele

  • Le groupe Alexisonfire

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    Le groupe Alexisonfire

  • Bain de foule

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    Bain de foule

  • Le guitariste Wade McNeil

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    Le guitariste Wade McNeil

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En salopette beige, le regard fou, ses cheveux longs cachant souvent son visage, il a livré une performance vocale tout à fait renversante. À ses côtés au second micro, Dallas Green, les cheveux plus longs qu’à l’habitude, sans lunettes, un chandail d’Alice in Chains sur le dos, a été tout aussi remarquable. Les deux charismatiques musiciens, accompagnés de leurs acolytes, dont le tout aussi charismatique Wade McNeil (aux voix et à la guitare), ont déclenché une folie sur les Plaines.

Le parfait mariage de leurs deux styles de chant, de leurs énergies (Dallas, la force tranquille, George, le déchaîné) est fantastique à observer en concert.

Alexisonfire a proposé des chansons classiques de son répertoire comme des nouveaux morceaux tirés de son superbe dernier album, Otherness, paru il y a quelques semaines seulement. « Des dizaines de milliers de personnes pour de la musique rock, c’est quelque chose ! », a louangé George Pettit en disant que rien d’autre au Canada ne ressemblait au Festival d’été de Québec.

Électrisant Rage Against the Machine

Le moment le plus attendu par la plupart des festivaliers samedi restait bien sûr l’arrivée de Rage Against the Machine. La tournée Public Service Announcement du groupe californien est une bénédiction pour les admirateurs. Un retour sur une discographie fournie, sans aucune nouvelle chanson à présenter, mais avec l’occasion de combler ceux qui connaissent ses albums.

Aux fins de cet article, afin de rapporter l’expérience intégrale qu’a été ce spectacle de RATM, nous nous sommes lancées dans le milieu de la foule, tout en avant de la scène. Avant que le groupe arrive sur scène, la tension était à son comble. Tout le monde autour de nous n’attendait que le moment où il serait possible de se laisser aller au son des guitares aiguisées, de la batterie endiablée.

Quand, enfin, Zack de la Rocha et sa bande se sont amenés, que le classique Bombtrack a rugi, il n’a plus été possible de rester stable sur ses pieds. Des milliers de personnes en mode mosh pit. De l’électricité dans l’air, dans la foule, tout autour.

Rage Against the Machine a livré un spectacle sensationnel, dont on se souviendra longtemps. Zack de la Rocha, immobilisé sur une chaise en raison d’une fracture, a été aussi impeccable vocalement que dans sa livraison, amenant dans le peu de mouvement qui lui était permis toute la férocité des paroles qu’il entonnait.

  • Le groupe Rage Against the Machine en spectacle sur les Plaines samedi soir

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    Le groupe Rage Against the Machine en spectacle sur les Plaines samedi soir

  • Le groupe Rage Against the Machine en spectacle sur les Plaines samedi soir

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    Le groupe Rage Against the Machine en spectacle sur les Plaines samedi soir

  • Le groupe Rage Against the Machine en spectacle sur les Plaines samedi soir

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    Le groupe Rage Against the Machine en spectacle sur les Plaines samedi soir

  • Le groupe Rage Against the Machine en spectacle sur les Plaines samedi soir

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    Le groupe Rage Against the Machine en spectacle sur les Plaines samedi soir

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Tom Morello a été Tom Morello, dieu incontesté de la guitare. Que ce soit en alternant entre ses guitares régulières et celle à double manche, en alignant les solos enlevants ou bien en jouant avec ses dents, il a été à la hauteur (sans surprise). Brad Wilk (à la batterie) et Tim Commerford (à la basse) n’ont pas failli à la tâche non plus. Côté instrumental, livrant des chansons que l’on sait complexes, Rage Against the Machine a été précis, percutant, irréprochable.

Dénoncer, toujours dénoncer

« Le moment d’exprimer notre frustration face à tout ce qui se passe dans le monde en ce moment. » C’était le but de cette soirée, a annoncé Zack de la Rocha aux dizaines de milliers de personnes face à lui. Rage Against the Machine est politique, radicalement contestataire.

Le groupe américain a accompagné ses chansons de messages, au-delà de leurs paroles. Comme lorsque l’écran derrière lui a affiché des statistiques montrant la discrimination que subissent les peuples autochtones au Canada. « Le colonialisme est un meurtre. » Zack de la Rocha a prévenu de la menace du recul dans les droits de la personne dans nos sociétés modernes. Il « emmerde » les frontières et demande plus de solidarité.

Killing in the Name a conclu la soirée sur la meilleure note possible. « Fuck you, I won’t do what you tell me », ont scandé, déchaînées, plusieurs dizaines de milliers de personnes en même temps que de la Rocha.

Assister à une performance de Rage Against the Machine, c’est se prendre en plein visage une série de coups de gueule, sur lesquels crier sa propre rage. C’est un moment pour se défouler, tout laisser sortir si on le souhaite, se laisser pleinement emporter par la musique et les mots. C’est un moment parfait.