C’est peu dire que ce spectacle de Woodkid était attendu. Initialement prévu en juin 2020, reporté d’abord à juin 2021, c’est finalement mardi qu’a pu avoir lieu le concert du Français sur le sol montréalais, au MTelus, dans le cadre du Festival de jazz.

« Ça fait deux ans qu’on attend. Ça a valu le coup. Enfin, pour moi ! Vous, vous savez pas encore. » C’est avec ces mots, sur un ton rieur, que Woodkid a commencé son concert. Quand les lumières se sont rallumées près de deux heures plus tard, le verdict du public semblait unanime : ça avait en effet valu le coup d’attendre.

L’univers musical grandiose de Woodkid est varié. Son électro est à la jonction de la pop, du classique, du rock… Quel que soit le genre dans lequel ses productions baignent, elles ont en commun de nous présenter une théâtralité attrayante. Avec sa musique, Woodkid nous dessine des mondes.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Woodkid

On la qualifie de cinématographique. Il est vrai qu’on est souvent dans un domaine qui rappelle des bandes sonores (de films, de jeux vidéo). Mais cette musique est plus que ça encore. On a parfois l’impression de planer lorsqu’on l’entend en concert. Cette théâtralité dont nous parlions plus haut est servie par une mise en scène à la fois colossale et épurée. Les imposants jeux de lumière, qui se marient à la musique, y jouent un rôle majeur. On souhaite nous faire vivre un moment dont on se souviendra.

Avant que Woodkid n’entre sur scène, l’ambiance a été installée avec des pulsations sonores et lumineuses pour faire monter la tension dans la salle, lentement. Puis les lumières se sont finalement éteintes.

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Woodkid, à l’arrière-plan, et quelques-uns de ses musiciens

Munis de lampes torches, les musiciens accompagnateurs de Woodkid ont pris place. Un trio à cordes, qui a démarré l’introduction. Des cuivres. Un claviériste. Un batteur et un percussionniste – Awir Leon, qui assurait la première partie et est aussi un choriste hors pair. Ces derniers se sont joints au rythme en même temps que des images sur un écran géant derrière la scène, qui nous ont accompagnés tout du long, tels de petits films abstraits illustrant la musique. Avec la pièce Iron, Woodkid est apparu, sur une plateforme surélevée, devant cet écran qui l’a fait paraître plus grand que nature.

Bel équilibre

Soulignons ici l’énergie communicative de Woodkid. Il était accueilli par un MTelus rempli et il a su divertir son public avec un enthousiasme authentique.

Derrière son micro, sur sa plateforme ou plus près de la foule, c’est lui qui captivait, et ce, même s’il y avait huit autres musiciens et un écran géant sur scène. Sa voix était juste, ses interventions, agréables, son attitude, charmante.

Son plus récent album, S16 (2020), dont il a présenté plusieurs morceaux mardi, flirte avec des tonalités industrielles, plus abruptes que ce qu’il avait présenté auparavant. Il a d’ailleurs expliqué à mi-chemin du spectacle que son premier album, qui l’a fait connaître, était devenu sa hantise. Tout ce qu’il a fait ensuite y était comparé, alors que l’artiste souhaitait évoluer. Il a fini par apprécier de nouveau ce premier disque et, mardi soir, il nous a rappelé pourquoi nous l’adorons, mais également pourquoi le reste de sa discographie est tout aussi bienvenu. L’équilibre était bon entre les pièces plus lentes (Brooklyn, Horizons into Battlegrounds, In Your Likeness), celles qui font danser (I Love You, Highway 27) ou celles qui donnent la chair de poule de la première à la dernière note (la majeure partie du répertoire du Français).

Malgré quelques rares moments où l’ambiance électrisante a menacé de retomber, Woodkid a offert un agréable spectacle, qui s’est (évidemment) terminé avec une formidable interprétation de Run Boy Run.

Mention spéciale pour terminer : en première partie, Awir Leon, qui propose une convaincante musique indie-électronique (lorsqu’il n’est pas sur scène avec Woodkid), a réchauffé la foule comme il se doit. En ne jouant que des morceaux qui figureront sur son prochain disque, le natif de Dunkerque s’est certainement fait quelques nouveaux admirateurs mardi soir.