Solide groove, attitude funky, ondes positives, -M- (Matthieu Chedid) est moins rock sur Rêvalité. Plus paisible musicalement, mais jamais à court d’invention : ce septième album est truffé des jeux de mots et d’allitérations qui ont toujours fait sa marque, de formules futées (« L’homme est l’âme du passé à venir », chante-t-il), d’un onirisme séduisant et de cet épatant sens du spectacle qu’on sent même sur disque.

Rêvalité est comme un vinyle à deux faces : à la première moitié pleine d’entrain succède une moitié plus apaisée. Sur les morceaux du début, on sent très fort la basse trépidante de Gail Ann Dorsey, qu’on a entendue auprès de Tears For Fears, mais surtout aux côtés de Bowie. -M- demeure alors proche de ce pop-rock fantasque qui l’a mené au sommet de la pop française, avec une finesse et une rondeur en plus.

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Moins électrique, la deuxième partie du disque prend des airs d’Italie (Fellini), jazzy (Une étoile qui danse), intègre des sonorités proches du clavecin (Petit homme) et se donne des airs cinématographiques (Ce jour-là, avec l’Américain Jon Batiste), avec un mélange de mélancolie et d’émerveillement. Comme si, au fond, entre le rêve et la réalité, il n’y avait pas de rivalité. Qu’on pouvait embrasser les deux.

« Rêve, mais surtout ne t’endors pas », chante -M- sur Home, en français malgré son titre. Et c’est peut-être ce qu’il faut retenir de ce disque : que c’est le rêve qui fait la réalité, que sans lui, on ne saurait évoluer ni transformer le monde. C’est sa façon à lui d’être optimiste et, si on peut trouver que ça manque de nerf ici et là, -M- montre qu’il vieillit bien.

Rêvalité

Rock pop

Rêvalité

-M-

Labo M/Wagram

6/10