Aldous Harding est débarquée sur la planète pop en 2016, habillée comme une chanteuse folk un peu particulière. On la savait brillante, mais elle se noyait encore un peu dans la masse. Elle ne fait depuis que surprendre, avec une garde-robe qui gagne en variété et en originalité.

Paru en 2019, son troisième album, Designer, avait révélé une auteure-compositrice éclectique, capable de passer d’un costume à l’autre sans effort apparent. Avec cette nouvelle offrande, la Néo-Zélandaise confirme son statut de magicienne du déguisement.

Chaque chanson semble pour elle l’occasion d’incarner un nouveau personnage, par le truchement d’une palette vocale diversifiée. Ici grave, plus loin enfantine, angélique, douce, lancinante, weird… Les timbres et les tonalités se succèdent et ne se ressemblent pas, malgré la grande homogénéité de l’ensemble.

Quelques influences (PJ Harvey, Neil Young, Vashti Bunyan, Velvet Underground) émergent dans cet exercice néo-folk-pop-indie, qui se distingue aussi par l’éclectisme de ses arrangements, signés John Parish (surtout connu pour son travail avec PJ Harvey). La guitare acoustique et le piano dominent dans un paysage sonore très minimaliste, ponctué de batterie, de banjo, d’un orgue, d’une guitare fuzz, d’un quatuor à cordes. Il y a de l’espace. C’est doux, c’est beau, c’est étrange. Étrangement beau.

À la fois imprévisible et tout en retenue, Warm Chris peut laisser perplexe à la première écoute. Mais il nous rentre assez vite sous les coutures. Et si Aldous Harding peut faire penser à d’autres chanteuses de sa génération comme Cate Le Bon, Dana Gavanski, Mesadorm, Lynette Williams, elle a certainement son petit quelque chose à elle. On laisse infuser. On respire. On ferme les yeux. On remet ça.

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Warm Chris

Warm Chris

Aldous Harding

4AD

7/10